Antibes
Les premières fortifications d’Antibes
Ville d’origine grecque fondée par les Phocéens, Antibes est dotée d’une première enceinte dès l’Antiquité Tardive. Au Moyen Âge, une autre enceinte comportant plusieurs tours rondes et réparée vers le XIVe siècle l’entoure mais est cependant débordée par de nouvelles constructions périphériques non protégées et formant une bourgade vulnérable. La rivalité entre François Ier et Charles Quint, les prétentions françaises sur le Milanais, les ambitions des ducs de Savoie et les guerres de Religion pèsent lourdement sur Antibes qui connait au XVIe siècle des périodes dramatiques. à chaque fois, la ville est prise et complètement saccagée. En 1552, Henri II décide la construction sur l’îlot Saint-Jaume d’une tour qui prend le même nom, qui s’appellera également le petit Fort, dont la garde est confiée aux Antibois. Elle assure la surveillance du port d’Antibes. Parallèlement, Henri II fait élever la tour Saint-Laurent au sommet de la presqu’île faisant face à la ville, dont les travaux commencent probablement en 1550. L’origine de l’ouvrage est attribuée, selon les sources, à Jean Renaud de Saint-Rémy ou (et) à Henri de Mandons. Le premier a été chargé par François Ier de l’examen des places de Provence en 1546. Mort en 1557, les travaux continuent probablement sous la direction de membres de sa famille.
à partir de 1565, la tour est complétée par quatre bastions dont le gros œuvre est terminé en 1578. Le bâtiment est opérationnel en 1585. Après 40 ans de guerre civile, Henri IV lance un vaste programme de protection des frontières. L’ingénieur Raymond de Bonnefons conçoit pour Antibes un projet fixant l’orientation définitive des remparts. La ville est désormais protégée par une enceinte de quatre bastions - le bastion de Rosny, le bastion de Guise, le bastion Dauphin et le bastion Royal-, percée de deux portes. Les travaux débutèrent en 1603. Après la mort d’Henri IV, les travaux ralentirent. L’ingénieur Pierre de Bonnefons, petit-fils de Raymond, réalise au début des années 1650 le bastion du port sur l’îlot Saint-Jaume.
De Vauban au XVIIIe siècle
à partir de 1680, Vauban ordonne la poursuite des travaux du grand bastion de Guise, les travaux du port, la réfection des portes, la réparation du château, la construction et l’agrandissement des corps de garde. Le front de mer est remodelé avec un chemin couvert. Il faut refaire le parapet, aménager des embrasures et des plates-formes pour protéger la ville haute. Dans les années 1690, des modifications d’envergure sont entreprises, sous la direction de Niquet : les fossés sont approfondis, les demi-lunes construites, les cavaliers édifiés sur les bastions et les glacis étendus pour protéger les remparts. En 1700, Vauban projette de faire du port un véritable port de guerre qui pourrait se substituer à Toulon et relier la ville au fort Carré par une immense ligne de fortification englobant toute l’anse. Mais ses projets ne seront jamais réalisés.
Au XVIIIe siècle, après l’abandon du projet de Vauban consistant à réunir la ville et le fort Carré, il n’y aura pas de profondes modifications dans l’aspect général des remparts. Les travaux d’entretien se poursuivent. En 1773, l’ingénieur de Caux reprend les plans de Vauban avec le tracé d’une enceinte bastionnée reliée à fort Carré, protégeant ainsi complétement l’anse Saint-Roch. Mais la totalité du projet ne sera pas réalisée ; les remparts et les fossés ne seront que quelques-uns des éléments construits.
État actuel
La place forte est déclassée en 1889, et en octobre 1895, l’État et la ville d’Antibes signent la convention définitive d’arasement des remparts. Il ne reste aujourd’hui que le bastion Saint-André, près de la jetée du port. Le plan-relief de 1747, conservé au Musée des Plans-Reliefs, apporte le meilleur témoignage de l’apparence des fortifications avant leur arasement. Le fort Carré est encore bien conservé. Déclassé en 1860, il sert de caserne jusqu’en 1967, année de sa cession par l’armée au Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Restauré de 1979 à 1985 par les bénévoles du Club du Vieux Manoir, il est depuis 1997 la propriété de la ville qui l’a ouvert au public à partir de 1998 et y a installé un musée.
Antibes
Antibes
43° 34' 51" N, 7° 7' 26" E
- ADGE (M.), CATARINA (D.), et alii, La route des fortifications en Méditerranée, Paris, 2007.
- CALVAYRAC –REYNE (C.), RIBIERE (H.), “Le fort Carré d’Antibes ou fort Championnet” in Vauban et ses successeurs dans les Alpes maritimes, Paris, 2004, p.131-141.
- D’AUNAY (A.), Vauban, génie maritime, Paris, 2007.
- FROISSARD (M.), « Les fortifications d’Antibes » in Vauban et ses successeurs dans les Alpes maritimes, Paris, 2004, p.121-129.
- PLANET (E.), Fort Carré, Antibes, 2008, Direction des Musées.