Salins-les-Bains
Historique et description
Situé dans la vallée de la rivière dite Furieuse (altitude : 300 m.), le site de Salins-les-Bains est occupé depuis l’époque gauloise. Le fait qu’elle soit installée dans une vallée étroite, mais surtout la présence de mines de sel dans les collines qui la bordent (Saint-André à 588 m., Belin à 558 m. et Bracon), expliquent l’intérêt stratégique de Salins-les-Bains qui est la seconde ville de Franche-Comté au Moyen-Âge. Elle est entourée d’une enceinte à partir de 1249. Cette enceinte est modifiée au XVe siècle par les Ducs de Bourgogne qui y ajoutent des tours circulaires à archères et caponnières sur ses flancs est. La Furieuse sert de douve à l’ouest de la ville. La défense par les plateaux proches débute dès le XIIIe siècle. Les châteaux de Belin et Bracon sont construits à cette époque, de même qu’une tour de guet sur le plateau de Saint-André (en 1265 pour ce dernier). Les châteaux de Belin et Bracon sont des donjons carrés entourés de tours arrondies et de courtines. La tour saint-André est reconstruite en 1347 après un siège. Les premiers chantiers modernes ont lieu durant la Guerre de Trente Ans. Une menace française conduit les Espagnols à renforcer les défenses de la tour Saint-André par l’ajout d’un rempart doté de créneaux et de meurtrières autour d’elle. Des casernements nouveaux sont édifiés. Ces chantiers se déroulent de 1638 à 1645. Après la restitution de la Franche-Comté par la France en 1668, les Espagnols modernisent l’armement des sites fortifiés mais l’enceinte et les châteaux de Belin et Bracon restent médiévaux. Ce n’est pas suffisant pour empêcher les Français de s’emparer de Salins-les-Bains en 1674 pendant la Guerre de Hollande. L’enceinte est en grande partie détruite, de même que les deux châteaux et la tour.
Vauban élabore ses projets pour Salins dès 1674. La tour Saint-André disparaît, remplacée par un fort prévu pour cinq cents soldats. Pour cela, un nouveau front bastionné sur le flanc d’attaque (à l’ouest) est bâti. Il comporte deux bastions, une demi-lune, un pont levis, une porte et un corps de garde. Le reste du rempart ne comporte qu’une muraille sur les autres flancs plus abrupts. Dans le fort, il bâti une chapelle, deux casernes de deux cents cinquante lits, une maison du gouverneur, des écuries, une poudrière et deux citernes. Les chantiers sont perturbés par un effondrement de terrain en 1675 mais s’achèvent en 1679. Les défenses de la colline Belin sont améliorées. Une tour médiévale est conservée mais l’enceinte du château est refaite en rempart bastionné avec une porte à pont levis et corps de garde. Un cavalier et une caserne y sont édifiés. Le reste des modifications consiste à aplanir le sommet de la colline pour dégager la vue. Les chantiers s’y achèvent en 1679. Le château Bracon est remplacé par une redoute de terre et de maçonneries. L’essentiel du chantier y consiste en travaux de dégagement des terres excédentaires et d’aplanissement des hauteurs environnantes. S’il est achevé en même temps que les autres, le fort Bracon ne reçoit sa première garnison qu’en 1688, à la veille de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. En ce qui concerne l’enceinte urbaine, Vauban projette en 1680 de la remplacer par une enceinte bastionnée plus large et agrandissant la ville. Louis XIV refuse ce dernier projet et se limite à ordonner la restauration de l’enceinte médiévale.
Le XVIIIe siècle ne modifie que très peu Salins. L’accès au fort Saint-André devient une route pavée en 1736 et remplace les sentiers anciens. Les trois forts servent de prison durant la Révolution, laquelle voit l’abandon de la redoute de Bracon. Les deux forts sont ravagés par un siège autrichien en 1814. Le fort Saint-André voit ses remparts percés en trois points, ses parapets et son pont d’accès renversés et ses deux citernes comblées. Il est cependant restauré à l’identique de 1833 à 1841 sous la Monarchie de Juillet. Le fort Belin est rasé durant le siège de 1814 et est reconstruit à neuf en 1828, sous le règne de Charles X. Il s’agit alors d’un fort casematé divisé en deux par un fossé sec, dont la partie sud sert de réduit. L’ensemble est entouré par un fossé sec, une caponnière et une contrescarpe à galerie. Un chemin couvert crénelé le relie à la batterie de Bas-Belin. Pour améliorer les défenses de la ville, le fort des Rousses est construit de 1841 à 1862-63 à vingt kilomètres de Salins, sur une montagne à 1150 m. d’altitude. Ce fort est bastionné, composé de trois fronts et trois bastions sur ses faces d’attaque. Le reste du rempart est une simple muraille bordant un précipice. Trois corps de casernes à quatre niveaux, une maison du commandant, des poudrières et des magasins casematés occupent l’espace interne, prévu pour loger une garnison de trois mille hommes et de deux mille cinq cents chevaux. Il est prévu d’y installer dix-huit canons, ce qui est effectif en 1868. Ce fort est le seul à être réutilisé par Séré de Rivières après 1871.
État actuel
L’enceinte urbaine de Salins-les-Bains a été démolie. Il n’en subsiste qu’une tour. Les forts Saint-André et Belin sont conservés et en bon état. Le fort Saint-André est devenu un complexe hôtelier et une salle de réception pour mariages, réceptions et séminaires. Les casernes abritent l’hôtel. La poudrière sert de brasserie. La chapelle et la maison du gouverneur cherchent une affectation. La visite de l’ensemble est possible sur renseignements auprès des hôteliers propriétaires. Le fort Belin est une propriété privée inaccessible. La redoute Bracon a disparu et est recouverte par des habitations. Quant au fort des Rousses, intégré dans le parc naturel régional du Haut-Jura, il abrite une cité administrative et deux entreprises artisanales. Des visites et parcours aventures y sont possibles sur renseignements de l’office du tourisme local.
Salins-les-Bains
Salins-les-Bains
46° 56' 25.7258" N, 5° 52' 43.082" E
- GRESSET (M.), Vauban et la Franche-Comté, Saint-Léger-Vauban, 1996, éd. Les Amis de la Maison Vauban.
- Le fort des Rousses, site officiel, http://www.fort-des-rousses.com/
- MARTIN (P.), La route des fortifications dans l’Est, Paris, 2007, éd. Le Huitième Jour, coll. Les étoiles de Vauban.
- Vauban et ses successeurs en Franche-Comté, trois siècles d’architecture militaire, Besançon, 1981.
- Village Vauban : fort Saint-André, http://www.fort-st-andre.com/topic/index.html