Strasbourg
De l’Antiquité à l’Empire Germanique
Située dans la plaine d’Alsace, sur la rive gauche du Rhin, au niveau de son confluent avec l’Ill et la Bruche, rivières issues des Vosges, Strasbourg apparaît durant l’Antiquité. Un fort construit par les Romains vers 12 av. JC pour ponctuer le Limes de Germanie, nommé Argentoratum, serait à l’origine de l’agglomération. Pillée et rasée par les Alamans, les Germains et les Huns, la ville se reconstitue sous les Francs au VIe siècle, sous le nom de Stratéburgum. Sous les Carolingiens, elle devient une ville importante : les Serments de Strasbourg y sont prononcés par Charles II le Chauve et Louis II le Germanique en 842. Intégrée au royaume carolingien de Germanie, Strasbourg devient une ville clé de l’Empire germanique à partir du Xe siècle.
Les premières fortifications maçonnées
Au XIIe siècle, deux pôles d’occupation ont été individualisés avec la ville ancienne et une ville neuve d’environ 35 hectares délimitée par une enceinte, qui sera par la suite agrandie. Les premiers ouvrages militaires modernes sont réalisés à partir de 1564 par l’ingénieur Daniel Specklin. L’enceinte médiévale reçoit des bastions et des glacis. Strasbourg reste allemande après les traités de Westphalie de 1648. En 1678, le traité de Nimègue oblige le Saint-Empire à céder la ville à la France, mais celle-ci résiste. Il faut un siège conduit par Louis XIV en personne pour que Strasbourg devienne française en 1681.
Les interventions de Vauban à Strasbourg
Le 3 octobre 1681, trois jours après la capitulation de la place, Vauban établit un important projet d’amélioration des fortifications de cette place de premier ordre dans la défense de l’Alsace. Il dessine le plan d’une citadelle pentagonale équipée de cinq bastions, cinq demi-lunes, deux ouvrages à corne, des inondations défensives. Elle est dotée de deux portes, au sud-ouest et au sud-est. Une esplanade de superficie importante sépare la citadelle de la vieille ville. Sur l’enceinte urbaine, il améliore les remparts créés par Specklin par l’adjonction d’ouvrages à corne, de contre-gardes et par des ponts-écluses destinés à la mise en place d’inondations défensives. En amont des Ponts-Couverts, Vauban fait établir un ouvrage défensif servant à la fois de pont et de barrage permettant de régulariser l’arrivée d’eau dans les fossés autour de l’enceinte et d’inonder en cas de siège tout le front sud de la forteresse : le barrage Vauban. Cet ouvrage, dont la construction a duré quatre ans est destiné à provoquer l’inondation par devant les remparts. Des casernes et des hôpitaux militaires sont construits dans la ville. Des ouvrages externes sont ajoutés sur les îles du Rhin dont le fort de Kehl (voir fiche correspondante). L’ingénieur Tarade, directeur des fortifications d’Alsace, dirige les chantiers sur place, appliquant le projet de Vauban, jusqu’au début du XVIIIe siècle. Vauban quitte Strasbourg dès 1681 mais y reviendra à plusieurs reprises pour inspecter le chantier.
Les fortifications du XVIIIe au XXe siècle
Au XVIIIe siècle, Louis de Cormontaigne procède à quelques modifications des fortifications. Il détruit notamment les deux ouvrages à cornes de la citadelle, qui sont remplacés par un seul, plus grand et adapté à l’artillerie moderne. Au XIXe siècle, les fortifications de Strasbourg sont modifiées à plusieurs reprises. Si les tracés des remparts urbains et de la citadelle ne sont pas modifiés, leur ampleur est diminuée par une rectification des tracés et une suppression des ouvrages défensifs externes. Les fortifications établies sur les îles du Rhin disparaissent, suite à la canalisation et à la rectification du fleuve qui provoque l’assèchement des bras du fleuve dans la seconde moitié du XIXe. L’ouverture du canal du Rhône au Rhin en 1833 est l’occasion de moderniser le port. La démolition de la fausse braie du canal du Faux-Rempart entre 1831 et 1838 permet la navigation dans un chenal de 30 mètres de large. Les ponts sont reconstruits ou rénovés. Ces modifications sont documentées par le second plan-relief de Strasbourg, réalisé au 1/600e entre 1830 et 1836, et mis à jour entre 1852 et 1863.
Annexée à l’Allemagne en 1871, Strasbourg reçoit de nouveaux chantiers militaires à partir de 1872, sous la direction des généraux prussiens Von Moltke et Von Kameke. Ces chantiers ont pour but de transformer la ville en camp retranché au moyen d’une ceinture de forts périphériques, distants d’une dizaine de kilomètres de l’agglomération et disposés sur un périmètre de 35 kilomètres autour d’elle, de part et d’autre du Rhin. 12 forts sont construits entre 1872 et 1876, puis deux autres entre 1876 et 1882. Cinq ouvrages intermédiaires édifiés entre 1885 et 1890 complètent l’ensemble.
État actuel
L’enceinte urbaine et la citadelle, gravement endommagées par le siège prussien de 1870, ont été rasées sous l’Empire allemand. Des boulevards urbains et de nouveaux quartiers ont repris les emplacements. Il ne subsiste qu’un front de la citadelle, intégré dans un parc urbain. L’hôtel du Gouverneur et un hôpital militaire subsistent également. Pour reconstituer l’étendue de ces fortifications, les meilleurs documents sont les deux plans reliefs cités plus haut. Ils restituent deux états successifs des défenses de la cité alsacienne. Celui de 1725 est conservé à Strasbourg. Saisi par les Prussiens en 1815, il est rendu à la ville par l’empereur allemand Guillaume Ier. Il indique l’état de la place forte au début du règne de Louis XV, avant les modifications réalisées par Louis de Cormontaigne. Quant à celui de 1836, il est conservé au Musée des Plans-Reliefs à Paris.
Strasbourg
Strasbourg
48° 34' 24" N, 7° 45' 8" E
- « Strassburg. Die Geschichte seiner Befestigungen » in Fortifikation. Fachblatt des Studienkreises für Internationales Festungs, Militar und Schutzbauwesen e.V., s.3, Saarbrücken, Interfest, 1998, in n°4.
- HATT (T.), Comparaison des plans reliefs de 1725-1728 et 1836-1863 à Strasbourg, dans L’aménagement paysager des fortifications bastionnées, Longwy, 2008, (actes de colloque organisé par le Réseau des Sites majeurs de Vauban).
- MARTIN (P.), La route des fortifications dans l’Est, Paris, 2007.
- WARMOES (I.), Le Musée des Plans-Reliefs, Paris, 1997, p.43.