Citadelle de Blaye

Blaye de l’Antiquité au XVIe siècle

Ville d’origine romaine, Blaye reçoit sa première enceinte, défendue par un château au Moyen Âge, semble-t-il dès le VIIe siècle. La ville connait un véritable essor à partir de 944 lorsque les comtes d’Angoulême et la famille des Rudel obtiennent la seigneurie. Blaye devient alors la deuxième ville d’Aquitaine après Bordeaux. La ville est divisée en deux parties : le château et sa basse-cour qui couvre un tiers de la superficie et la ville haute. Lorsque la région passe sous domination anglaise, les Plantagenêt rachètent le château après l’extinction de la lignée de Rudel au XIVe siècle. Pendant la guerre de Cent Ans, le château devient une véritable forteresse, entourée d’une enceinte percée de trois portes avec pont-levis. La ville redevient française en 1453 à la fin de la guerre de Cent Ans. Les fortifications de Blaye sont modernisées. Le nouveau système défensif mis en place repose sur un étagement des lignes de feu.

Les fortifications de Blaye avant l’intervention de Vauban

Les fortifications sont partiellement démantelées pendant les guerres de Religion et il faut attendre l’arrivée du duc de Saint-Simon au poste de gouverneur en 1630 pour que de véritables travaux de rénovation débutent. Toutefois, les travaux sont menés progressivement et la défense de Blaye reste fragile. Lors de la Fronde (1648-1653), le duc reste fidèle à la reine et Blaye devient une base arrière pour l’armée royale. Entre 1650 et 1685, les fortifications sont renforcées au rythme des crédits accordés par le roi. Des ouvrages extérieurs sont créés, le rempart sud-est est doublé d’une palissade et le chemin couvert est prolongé jusqu’au port. Une partie des habitants des faubourgs est expropriée pour laisser plus d’espace aux abords de l’enceinte. Il faut attendre 1680 et l’arrivée de François Ferry, ingénieur général, pour qu’un plan général de modernisation de la citadelle soit proposé. L’effet cumulatif des constructions successives et l’absence d’un plan général, rendent peu cohérentes les fortifications de Blaye. Elles sont jugées inefficaces en raison de leurs murailles trop fines et trop visibles, qui plus est facilement accessibles de mer comme de terre. Ferry envisage de réutiliser le plus possible de constructions existantes et propose de remplacer les ouvrages avancées par trois demi-lunes et un chemin couvert avec traverses et places d’armes. Jusqu’en 1685, les travaux évoluent lentement, au rythme des attributions de crédits royaux.

Vauban à Blaye

En 1685, Vauban conçoit pour Blaye un projet défensif basé sur un triptyque de fortifications devant protéger l’accès à Bordeaux face aux menaces des Huguenots aquitains et des puissances militaires protestantes (Anglais et Hollandais) : la première partie de ce projet concerne la citadelle, sur la rive droite de la Gironde. Il propose de la restructurer par quatre grands bastions à orillons et trois demi-lunes. Sur la rive gauche de la Gironde, il prévoit la construction d’un fort, le fort Médoc (voir fiche correspondante) et d’une tour à canon sur un banc de sable au milieu de l’estuaire, le fort Pâté (voir fiche correspondante). Les travaux de la citadelle s’achèvent en 1689 ; sa superficie est réduite, et tous les bastions sont repris et parfaitement ordonnés. Les ouvrages médiévaux sont intégrés dans les fortifications, une nouvelle voie relie la porte Royale à la porte Dauphine. L’enceinte extérieure comporte désormais deux bastions et deux demi-bastions, trois demi-lunes dont deux défendent les portes. Les fossés sont secs. Côté Gironde, une muraille terrassée est élevée sans ouvrage externe, ni bastion. Construite par étapes successives au fil des siècles, l’organisation intérieure de la citadelle ne répond à aucun plan ordonné et est constituée d’une juxtaposition aléatoire de bâtiments. Dans un souci d’économie et dans une démarche d’adaptation à l’existant, Vauban s’accommode des anciens édifices, leur donnant une nouvelle utilité ou s’en servant pour la fondation d’ouvrages neufs. Deux grandes casernes, un hôtel du gouverneur, une poudrière, des magasins à vivre et une chapelle y sont construits.

Blaye du XVIIIe au XXe siècle

Au XVIIIe siècle, la citadelle de Blaye est entretenue, réparée et modernisée lorsque cela est nécessaire, sans que de nouveaux ouvrages ne soient ajoutés. Pendant la Révolution française, elle devient une prison pour les prêtres réfractaires. En 1814, la citadelle subit son premier siège, rapidement écourté par l’abdication de Napoléon Ier. En 1819, les tours du château de Rudel sont arasées pour ne pas gêner les tirs d’artillerie. Sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848), ce site isolé accueille des prisonniers politiques placés sous la surveillance de l’armée.
De 1914 à 1918, ce sont les prisonniers allemands qui l’occupent ; en 1940, la Wehrmacht s’y installe. Après la Seconde Guerre mondiale, la citadelle est transformée en une cité pour loger les gendarmes et les anciens personnels de l’armée et leurs familles. En 1926, elle est inscrite au titre des Monuments historiques puis classée en 1937. La place est officiellement déclassée et désarmée en 1943 et achetée par la ville de Blaye en 1954.

Citadelle de Blaye

Citadelle de Blaye
45° 7' 43.8575" N, -0° 39' 56.4552" E

Type
citadelle
Ingénieurs
Claude de Saint- Simon, François Ferry, Sébastien le Prestre de Vauban
Département
Gironde
Région
Nouvelle-Aquitaine
Bibliographie
  • Dossier de presse, candidature au patrimoine mondial de l’humanité, Cussac-Fort-Médoc, 2005.
  • COLAS (P.), Blaye, citadelle, boulevard du château, étude préalable, Bordeaux, 1991.
  • COUTURA (J.), « Vauban à Blaye » in Les cahiers du Vitrezais, Paris, 1983, n°43.
  • COUTURA (J.), « Quelques notes pour servir à l’histoire de la citadelle de Blaye, de Fort Pâté et Fort Médoc » in Les cahiers du Vitrezais, Paris, 1983, n°46.
  • COUTURA (J.), « La construction du fort Pâté au milieu de la Gironde (1689-1693) » in Revue archéologique de Bordeaux, Bordeaux, 1991, t. LXXXII.
  • FAUCHERRE (N.), « La citadelle de Blaye » in Congrès archéologique de France, Paris, 1990.
  • MONGIN (M.), STEENBERGEN (M.), Le Verrou de l’Estuaire, Citadelle de Blaye, fort Pâté et fort Médoc, Woippy, 2014.
Citadelle de Blaye, plan de 1693, dans Recueil des plans des places du Royaume, divisé par provinces, faits en l’an 1693, s. l., 1693, vol. 2, pl. 56, gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Vue aérienne de Blaye, GoogleEarth, 30/07/2010.