Arras

Les fortifications antiques de Nemetacum

Au confluent des cours d’eau de la Scarpe et du Crinchon, l’actuelle ville d’Arras est fondée par les Romains sous le nom de Nemetacum. Elle devient la capitale des Atrébates qui s’y installent au second âge du Fer (425-25 avant JC). à la fin du IIIe siècle, pour mieux se défendre des raids germaniques, la ville se replie à l’intérieur d’un castrum rectangulaire. Cette première enceinte urbaine couvre une dizaine d’hectares. Au VIIe siècle, Nemetacum Atrebatum désormais appelée Arras évolue progressivement. La fondation de l’abbaye Saint-Vaast à l’extérieur de la cité d’origine romaine, sur la rive droite du Crinchon donne naissance à une nouvelle agglomération, créant une organisation bicéphale qui perdure pendant plusieurs siècles.

Les fortifications médiévales

Au IXe siècle, les raids normands auxquels Charlemagne doit faire face placent la région en première ligne. La nouvelle agglomération d’Arras se dote de fortifications et devient siège du pouvoir laďc. En 1103 une muraille de pierre blanche y est édifiée par le comte Robert de Jérusalem, la coupant ainsi de l’ancienne cité romaine. Cette dernière, devenue cité épiscopale et berceau du pouvoir religieux, conserve ses murailles antiques. à partir de 1337 et le début de la guerre de Cent ans opposant les Anglo-Flamands à la France, les menaces qui pèsent sur l’Artois obligent à un renforcement des défenses des villes. Vers 1340, la cité épiscopale d’Arras est dotée d’une nouvelle enceinte percée de cinq portes, tandis que les fortifications de l’agglomération sont modernisées. La domination française prend fin en janvier 1493 à la signature du traité de Senlis. La ville est rendue à Maximilien d’Autriche, les enceintes de cette dernière et de la cité sont transformées.

La modernisation des fortifications

Au XVIe siècle, l’Artois et la Flandre sont rattachés aux Pays-Bas et cédés à Charles Quint. Les fortifications se modernisent progressivement. Entre 1505 et 1513, de grands boulevards sont construits devant les portes et de nouveaux flanquements apparaissent. à partir de 1540, les premiers bastions voient le jour. En 1639, les armées françaises pénètrent en Artois et prennent l’avantage. La ville devient une nouvelle place française. La poursuite des hostilités entre la France et l’Espagne nécessite le renforcement des fortifications d’Arras par trois ouvrages détachés dits de Guiche, du Marais et de la porte d’Amiens, ainsi que le retranchement avancé de Baudimont au nord de la cité.

La citadelle de Vauban

Prenant conscience de l’importance stratégique d’Arras, Louis XIV prend la décision d’y faire construire une citadelle. En 1668, Vauban dessine un projet de citadelle, dont le chantier est dirigé par le Vicomte d’Aspremont. Elle adopte la forme d’un pentagone à cinq bastions entourant des bâtiments organisés selon un plan encore radioconcentrique. La citadelle est entourée par des fossés aquatiques et des inondations défensives créées par le détournement du ruisseau du Crinchon. Elle sera raccordée aux fortifications de la ville par deux murs de communication remparés. En 1671, les chantiers de Lille et d’Ath terminés, Vauban reprend en main celui d’Arras et évince le vicomte d’Aspremont. Vauban remanie ses plans et propose la suppression de quelques contregardes et la diminution de certains fossés. De plus, il sélectionne les ouvrages les plus utiles à réaliser. L’ingénieur tire un trait sur l’organisation radioconcentrique initialement prévue et opte pour un plan orthogonal. Le plus gros du chantier est achevé en 1673. Cependant, les bâtiments sont encore en cours de construction et les casernes, les murs de communications avec l’enceinte urbaine, l’esplanade et les lunettes sont réalisées plus tard. L’entrée dans la citadelle s’effectue par la porte Royale, côté ville. Édifiée en 1682, elle présente une façade baroquisante surmontée d’un tympan, sculpté à la gloire du roi. Les derniers dehors, des contregardes et des lunettes, sont réalisés entre 1701 et 1711 ; un second chemin couvert est créé en avant de la place. La citadelle achevée, Vauban rédige un état des fortifications de la ville. Jugées dans un bien mauvais état, il en transforme les dehors en les régularisant et dote le chemin couvert de traverses.

Arras du XVIIIe au XXe siècle

Au cours du XVIIIe siècle, la citadelle d’Arras ne fait pas l’objet de grands investissements. Quelques bâtiments servent de lieu de détention. Les guerres d’Empire terminées, les travaux de modernisation et de sécurisation de la citadelle sont lancés. Entre 1830 et 1850, les parements de l’enceinte sont restaurés et les profils des parapets modifiés. Le pont de la porte Royale et modernisé : un tablier en brique vient remplacer le pont-levis. Dans un souci d’économie, la fausse-braie est partiellement arasée et transformée en tenaille. Peu utilisée, la porte Dauphine, qui avait été complété par une poterne en 1776 est finalement bouchée. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les courtines de la citadelle sont abattues, les fossés sont comblés, les lunettes de terre sont rasées et la partie supérieure des bastions de la Reine et du Dauphin est arasée, créant ainsi un vaste espace plat. Le 27 mai 1889, le déclassement d’Arras comme place de guerre est officiellement décrété et, dès 1891, le démantèlement de l’enceinte urbaine est engagé et se poursuit pendant cinq ans. En mai 1940, l’armée allemande prend possession de la ville et les soldats sont logés à la citadelle. à l’écart de la population, elle est le théâtre de la répression nazie. 218 résistants et otages du Pas-de-Calais y sont exécutés. Dès 1947, un mémorial est créé dans les fossés du bastion du Dauphin pour leur rendre hommage.

État actuel

En 2009, le 601e régiment de Circulation Routière quitte la citadelle, marquant définitivement la fin de son occupation militaire. Propriété de la Communauté Urbaine d’Arras depuis juin 2010, elle fait l’objet d’un programme global de reconversion avec l’objectif d’en faire un nouveau quartier de la ville doté d’une mixité de fonctions. Ainsi, le site accueille désormais des administrations publiques, une pépinière d’entreprises, un centre de données informatiques, une école de cuisine, des logements, un fromager-affineur et un pôle loisir oů se développent des activités ludiques, culturelles et pédagogiques. Le plan-relief réalisé en 1716, dont les faubourgs et la citadelle ont disparu en 1915 est conservé au Musée des Beaux-Arts d’Arras.

Arras

Arras
50° 17' 23" N, 2° 46' 51" E

Type
citadelle et enceinte
Ingénieurs
Sébastien le Prestre de Vauban, Vicomte d’Aspremont
Département
Pas-de-Calais
Région
Hauts-de-France
Bibliographie
  • BELLART (G.), MAISON (F.), Les fortifications d’Arras du XIIe au XIXe siècle, étude des œuvres et documents présentés en 1976 à l’exposition « Arras ville forte », Arras, 1976.
  • BERNARD (H.), Arras : ville fortifiée, Arras, 1993.
  • BRAGARD (P.), CHEUVA (P.), COMBEAU (Y.), (et alii), Etoiles de pierre. Voyage en Nord Pas-de-Calais, Villeneuve d’Ascq, 2003.
  • DUMONT (R.), La Citadelle d’Arras, Arras, 2013.
  • HANSCOTTE (F.), FAUCHERRE (N.), La routes des villes fortes en Nord, Paris, 2005.
  • MONGIN (M.), STEENBERGEN (M.), La citadelle d’Arras, Place forte du « pré carré », Woippy, 2015.
  • SALAMAGNE (A.), Vauban en Flandre et en Artois : les places de l’intérieur, Saint-Léger-Vauban, 1995.
  • SALAMAGNE (A.), A la découverte des anciennes fortifications d’Arras, Cambrai, 1999.
« Arras, ville forte capitale du comté d’Artois », vers 1696, plan n°179 bis, in Catalogue raisonné des cartes et plans de l’ancienne province d’Artois, par le comte de Loisne, p.53, Médiathèque municipale d’Arras, fonds iconographique.
Vue aérienne d’Arras et de sa citadelle, GoogleEarth, 11/07/2010.