Camaret-sur-Mer

La construction de la « tour dorée »

Dès 1683, Vauban réfléchit à la défense de Camaret à l’occasion de son troisième voyage en Bretagne, mais il faut attendre 1689 pour qu’il dessine un premier projet à l’extrémité d’un sillon sur lequel avait été édifiée au début du XVIe siècle la chapelle Notre-Dame de Rocamadour. Sa construction entre 1689 et 1696 s’inscrit dans l’important chantier de transformations et de renforcement des défenses du port-arsenal et du goulet de Brest imaginé par Vauban. Il s’agit alors de disposer d’un point d’appui pour barrer l’entrée du goulet de Brest aux navires ennemis tentant un débarquement. Le 18 juin 1694, alors que la tour est inachevée, elle reçoit son baptême du feu lorsque la marine anglaise tente d’attaquer Brest et force le passage du goulet. Accueillis par les tirs conjoints des soldats et miliciens français, les Anglais renoncent à poursuivre la bataille après deux heures de feux incessants.
Après cette bataille, l’ingénieur Traverse, qui supervise les chantiers, achève rapidement les travaux. La « tour dorée » est composée de quatre niveaux et d’un sous-sol, imbriquée dans une batterie basse semi-circulaire, entourée par un fossé inondé à marée haute. Le sous-sol sert de magasins aux vivres et de poudrière. La tour, de forme hexagonale, est équipée de meurtrières pour le tir au mousquet, les deux étages supérieurs étaient utilisés pour le logement de la garnison et des officiers, mais également pour le stockage des denrées et munitions. La mise en œuvre d’un enduit ocre étanche, obtenu par un mélange de sable et de chaux auquel est incorporé de la brique pulvérisée qui sert de liant, valut à la tour dès septembre 1694 le surnom de « tour dorée ».

La tour de Camaret du XVIIIe au XXe siècle

Au XVIIIe siècle, la tour conserve toute sa valeur stratégique dans la défense de la rade, suscite toujours les convoitises des puissances étrangères et notamment des Anglais. Entre 1794 et 1795, un four à rougir les boulets est construit pour compléter la défense. Arme avant tout dissuasive, cet ouvrage avait pour but de chauffer les boulets utilisés comme projectiles pour défendre le littoral et mettre feu aux navires ennemis. La tour perd progressivement son utilité défensive avec l’évolution de l’artillerie au XIXe siècle, notamment sous la IIIe République. Jusqu’au début du XXe siècle, elle est utilisée comme réduit défensif, logement et magasin.
En 1904, la tour est achetée par la commune, et classée au titre des Monuments historiques en 1907. Elle retrouve une fonction militaire pendant la Première Guerre mondiale et, réquisitionnée par la Marine, elle devient un centre d’aviation maritime en décembre 1916. En 1940, elle est investie par les Allemands. La tour est incendiée en 1944 à la Libération par des bombardements alliés et perd l’ensemble de sa toiture.

Camaret-sur-Mer

Camaret-sur-Mer
48° 16' 48" N, -4° 35' 30" E

Type
tour d’artillerie à batterie basse
Ingénieurs
Sébastien le Prestre de Vauban, Jean-Pierre Traverse
Département
Finistère
Région
Bretagne
Bibliographie
  • FAUCHERRE (N.), LECUILLIER (G.), La route des fortifications en Bretagne Normandie, Paris, 2006.
  • GAUDU (G.), "Boulets rouges et fours à boulets", in Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, 1970.
  • MONGIN (M.), STEENBERGEN (M.), Camaret-sur-Mer, la Tour Vauban, « gardienne des côtes d’Armorique », Woippy, 2014. -* Ouvrage collectif, Vauban et ses successeurs dans les ports du Ponant et du Levant : Brest et Toulon, Paris, 2000.
  • PEARSALL (A.W.H.), « Le débarquement à Camaret le 8 juin 1694 » in Vauban et ses successeurs dans les ports du Ponant et du Levant : Brest et Toulon, Paris, 2000.
  • PETER (J.), Vauban et Brest : une stratégie modèle de défense portuaire (1683-1704), Paris, 1998.
Vue aérienne de Camaret-sur-Mer montrant la tour dans son environnement, GoogleEarth, 20/07/2010.
Coupe de la tour Vauban par l’ingénieur Traverse, contresignée par Vauban, 24 janvier 1696, Service historique de la défense, Vincennes, dép. Terre.