Cammazes

Le projet de Canal Royal de Pierre-Paul Riquet

Depuis le XVIe siècle, de nombreux ingénieurs ont cherché à relier la Méditerranée à l’océan Atlantique. Le principal problème qui se pose alors est celui de l’alimentation en eau, en particulier au niveau de la jonction entre deux bassins hydrauliques. Il faut attendre le projet de Riquet au XVIIe siècle pour qu’un canal soit réalisé. L’ingénieur propose de l’alimenter en eau en détournant les ruisseaux de la montagne Noire du Languedoc. Cette montagne est située le long de la ligne de partage des eaux entre les bassins hydrographiques de la Garonne et de l’Aude. Le long du Sor (ruisseau local), il prévoit la construction d’un barrage destiné à approvisionner le canal par un système d’aqueducs. Riquet présente ce projet en 1662, et, pour mieux convaincre les décideurs, perce une rigole sur place en 1665. Au cours des discussions préliminaires, le chevalier Louis-Nicolas de Clerville est consulté pour la question du débouché en Bas-Languedoc. Louis XIV décide finalement de lancer à partir de 1666 les chantiers de percement qui commencent par la construction de digues et les expropriations. La première pierre est posée en 1667. Malgré de nombreuses difficultés, les chantiers sont déjà bien avancés lorsque Riquet décède en 1680. L’ingénieur La Feuille prend alors le relais et achève le percement du canal. Ce dernier est inauguré en 1681. Sa création a favorisé une nouvelle dynamique pour le commerce fluvial.

Les interventions de Vauban et Niquet

Vauban s’intéresse au canal Royal à partir de décembre 1685. Une inspection effectuée en janvier et février 1686 lui permet de constater que les ouvrages se dégradent déjà par l’ensablement et l’envasement, et qu’ils nécessitent des améliorations. C’est dans ce cadre qu’il œuvre à Cammazes. Le site se rattache au canal Royal entre la Garonne et l’Aude, via deux de leurs affluents respectifs : le Hers pour la Garonne et le Fresquel pour l’Aude.
L’ingénieur Antoine Niquet, directeur des fortifications du Languedoc, est chargé de diriger les travaux. Sur les plans de Vauban, il fait réaliser une percée qui achève la rigole de la montagne Noire dans le but d’amener les eaux d’hiver dans le réservoir de Saint-Ferréol. La digue du barrage de Saint-Ferréol est rehaussée afin d’en augmenter la capacité. Le chantier de Cammazes est terminé en 1688. La façade de la percée est ornée d’un mur de soutènement en pierre adapté au profil en V de la tranchée. La partie centrale en ressaut est divisée horizontalement en deux étages par un bandeau. Les bords sont occupés sur toute la longueur par deux larges montants à bossage. Pour le reste du tracé, Vauban s’emploie à rendre le canal indépendant des cours d’eau qu’il croise, par la création de ponts-canaux à trois arches qui remplacent les digues, des aqueducs souterrains voűtés pour le franchissement des rivières et de nouvelles écluses. Les écluses existantes sont perfectionnées. Les travaux s’achèvent en 1693. L’ingénieur Niquet est en charge de la gestion du canal Royal jusqu’à son décès en 1726.

Le Canal du Midi du XVIIIe au XXe siècle

Le canal Royal est débaptisé à la Révolution française et porte depuis 1789 le nom de canal du Midi. Le commerce fluvial a continué au cours des XIXe et XXe siècles. Des travaux ponctuels d’amélioration ont été exécutés depuis le XVIIIe siècle. En 1846, des arbres sont plantés au sommet de la percée de Cammazes, afin de l’intégrer à l’environnement. à l’entrée du sentier de la Rigole, la maison du Garde de la voűte de Cammazes est construite en 1847.
Les constructions de Vauban et Niquet à Cammazes sont, depuis le XXe siècle, franchies par une départementale.

État actuel

Le canal du Midi existe toujours, de même que les réservoirs et rigoles de Cammazes. L’ensemble est aujourd’hui ouvert à la visite et protégé au titre des Monuments historiques. Le réservoir de Saint-Ferréol est encore utilisé par Voies Navigables de France et se visite. Le canal du Midi a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1996.

Cammazes

Cammazes
43° 24' 41.0933" N, 2° 4' 43.7329" E

Type
ouvrage hydraulique
Ingénieurs
Pierre-Paul Riquet, Louis-Nicolas de Clerville, Alexis de La Feuille de Merville, Sébastien le Prestre de Vauban, Antoine Niquet
Département
Tarn
Région
Occitanie
Bibliographie
  • ADGE (M.), « Vauban et le Canal du Languedoc » in Vauban et ses successeurs dans les Pyrénées, Paris, 2003, p.179-208.
  • COTTE (M.), Le canal du Midi, « merveille de l’Europe », Paris, 1998.
  • FAUCHERRE (N.) et RIBIERE (H.), La route des fortifications en Méditerranée, Paris, 2007.
  • LE PRESTRE DE VAUBAN (S.), « Mémoire sur le canal du Languedoc » in Les oisivetés de Monsieur de Vauban, Seyssel, 2007, p.145-185.
  • Ouvrage collectif, Un canal…des canaux…, Paris 1986, (catalogue d’exposition).
  • PINON (P.), Canaux, rivières des hommes, Paris, 1995.
  • PINON (P.), « Les canaux de navigation et l’aqueduc de Maintenon » in Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil, Paris, 2007, p.207-213.
  • VIROL (M.), Vauban et les voies d’eau, Paris, 2007.
Nolin (J.B.), Le Canal Royal de Languedoc pour la jonction de l’Océan et de la Mer Méditerranée, 1697, gallica.bnf.fr/ Bibliothèque Nationale de France.
Vue aérienne du canal du midi à Cammazes, GoogleEarth, 21/07/2010.