Guise
Historique et description
Agglomération d’origine mérovingienne, Guise possède un château depuis le Xe siècle. C’est en 945 que la ville devient une seigneurie. Dévasté pendant la guerre entre le roi de France Philippe Auguste et le comte de Flandre, Guise est prise par les armées royales. De 1185 à 1191, le château est rénové une première fois. Pendant la Guerre de Cent Ans, le château subit plusieurs sièges anglais mais n’est conquis qu’une seule fois en 1424 par eux et leur allié Jean de Luxembourg. Après cette prise, laquelle est suivie d’une restitution à la couronne de Charles VII de France, le château est progressivement rénové entre 1430 et 1457. Les Français poursuivent les chantiers entamés par les Anglais et leurs alliés. A partir de 1482, Guise devient une place de première ligne dans la défense de la France de Louis XI contre les Pays-Bas bourguignons puis habsbourgeois. Elle est assiégée plusieurs fois, dont un siège mené par Charles Quint en 1536. Elle n’est restituée à la France qu’en 1542. A ce moment, le château, seule fortification de Guise, est ruiné. Cet état de ruine incite François Ier à en ordonner la restauration et la modernisation en 1547, peu avant sa mort. La modernisation est réalisée par le capitaine Claude de Lorraine en 1549. Il construit cinq bastions et creuse des fossés secs autour du château médiéval. Deux demi-lunes sont ajoutées au sud. La ville reste dépourvue de remparts mais les bastions du nord, détachés du corps de place, lui sont connectés. A l’intérieur, la collégiale est restaurée et une caserne à sept étages est construite. Prévue pour trois mille soldats, elle est nommée Bâtiment des Trois Mille. Un arsenal, un hôtel du Gouverneur, un carré des officiers et une prison d’état sont construits également. Les bastions du château sont équipés de casemates et de couloirs de communications avec fentes de tirs au mousquet. Les chantiers s’achèvent vers 1552. Les trois sièges suivants (1594 pendant les Guerres de Religion, 1636 pendant la Guerre de Trente Ans et 1650 pendant la Fronde) sont chacun suivis de réparations sans ajouts de nouveaux ouvrages. En 1659, le traité de Pyrénées valide la conquête par la France d’Avesnes-sur-Helpe, Landrecies, Philippeville et Mariembourg, rétrogradant Guise en seconde ligne dans la défense de la France.
En 1673, lorsqu’il élabore le Pré Carré, Vauban n’y intègre pas Guise immédiatement, l’estimant inutile. Louvois, le Ministre de la Guerre, n’est pas de cet avis et l’envoie sur place le 19 janvier 1673. Après cette visite, Vauban décide de la conserver. Néanmoins, il n’y réalise aucun ajout, seules des réparations sont réalisées, de 1673 à 1683. Les terrassements des remparts et du glacis sont refaits, les demi-lunes sont refaçonnées, les portes sont restaurées et les fossés sont approfondis. Cependant, les tracés ne sont pas modifiés et restent tels que conçus par le capitaine de Lorraine cent trente ans plus tôt. Ceci est dű au fait que le château de Guise est rétrogradé une nouvelle fois, en troisième ligne cette fois-ci, pour la défense de la France. Institué en 1678, le Pré Carré ne l’intègre que comme place arrière faiblement fortifiée. Vauban préfère concentrer les travaux défensifs plus au nord.
Durant les XVIIIe et XIXe siècles, le château ne reçoit pas de modifications importantes, excepté le recouvrement de la caserne par de la terre pour une meilleure protection anti-bombardement. Sinon, on se limite à l’entretien des parties existantes. Des réparations sont réalisées après le siège prussien de 1815. Ravagée par un bombardement allié en octobre 1918, peu avant la libération de la ville par les Français, le château de Guise est déclassé comme place de guerre en 1922 et vendu par l’armée à un particulier qui le transforme en carrière et en décharge.
État actuel
Le château de Guise existe toujours, bien qu’il ait servi de carrière et décharge pendant trente ans. Depuis 1953, l’association Le Vieux Manoir, fondée par Maurice Deton, procède à sa restauration via des chantiers de jeunes bénévoles. Un musée a été créé dans les casemates de l’un des trois bastions subsistants : le bastion de l’Alouette. Ce musée décrit l’évolution de l’armement durant les mille ans couverts par l’existence du château et la vie quotidienne dans celui-ci au cours de ces mêmes mille années. Les deux autres bastions subsistants, de la Vieille Ville et de la Charbonnière, ont été restaurés et peuvent se visiter sur renseignements auprès de l’ASBL. Le donjon médiéval, une tour de guet et la prison d’état subsistent également. Des autres constructions intérieures (casernes et collégiale), il ne subsiste que des fondations et parfois des caves. Une partie des remparts a été démolie pour des raisons de sécurité dans les années 1950.
Guise
Guise
49° 53' 53.637" N, 3° 37' 34.5151" E
- Le château des ducs de Guise, site officiel, http://chateaudeguise.free.fr/index.php?rubrique=accueil.
- Le château fort de Guise, dans Bulletin des Amis de la Citadelle de Namur, Jambes, s. d.
- FAUCHERRE (N.) et HANSCOTTE (F.), La route des fortifications en Nord, Paris, 2007, éd. le Huitième Jour, coll. Les étoiles de Vauban.