Pinerolo
Pignerol avant Vauban
Située au débouché d’une vallée sur la plaine du Pô, la ville de Pignerol apparaît au Moyen Âge et reçoit alors ses premières fortifications. Elle possède un château doté d’un donjon, de plusieurs tours et d’un corps de logis. La ville est entourée d’une enceinte bastionnée à partir du début du XVIe siècle. Disputée à plusieurs reprises entre le duché de Savoie et la France, la ville est prise par Richelieu en 1630 et rattachée à la France de Louis XIII en 1631 par les traités de Cherasco. Les ingénieurs Piémontais et Français vont y réaliser de multiples chantiers qui conduisent à transformer l’enceinte urbaine et l’enclavement complet du château médiéval, construits en terre et conservés intégralement, en une citadelle maçonnée de plan carré à double rempart bastionné. L’enceinte, maçonnée également, est composée de cinq fronts bastionnés et cinq bastions. C’est durant cette période que Pignerol va aussi être utilisée comme prison par les rois de France Louis XIII et XIV. Ce dernier y déporte, entre autres, Fouquet (qui y décède en 1680), le duc de Lauzun et le célèbre Masque de Fer.
Les interventions de Vauban
Vauban visite les lieux pour la première fois en 1669. Il signe un projet en 1670 pour la citadelle et la ville. Il critique l’enchevêtrement des fortifications irrégulières de celles-ci, dont il modernise l’intérieur et retrace le chemin-couvert qu’il dote de traverses et de places d’armes rentrantes. Dans la citadelle, la modernisation intérieure permet d’améliorer le confort et l’hygiène de la garnison par un déplacement, entre autres, des lieux d’aisance, auparavant trop proches des réserves d’eau potable. Ce projet est complété en 1682 durant son second passage. Ces plans n’ont pas modifié le tracé de l’enceinte et de la citadelle qui restent identiques entre 1669 et 1692. En 1692, il propose un autre projet prévoyant la construction d’ouvrages totalement neufs et un approfondissement des fossés afin de restructurer l’enceinte urbaine. Cependant, la Guerre de la Ligue d’Augsbourg conduit les ingénieurs français à ne réaliser que des travaux d’urgence qui permettent de faire échouer le siège piémontais de 1693. Un dernier projet est élaboré en 1695. L’année suivante, un traité secret restitue la place de Pignerol au duc de Savoie Victor-Amédée II. La clause principale de ce traité prévoit la démolition complète de la place. Aussi, aucun vestige visible des fortifications ne subsiste aujourd’hui.
Pinerolo
Pinerolo
44° 53' 3" N, 7° 19' 55" E
- ASVISIO (E.), La cittadella e l’organizzazione delle fortificazioni di Pinerolo nel XVII secolo, Torino, Pilitecnico di Torino, Facoltà di architettura, 2000, (thèse de Doctorat en Architecture, résumé disponible sur Politechnico di Torino, Sistema Bibliotecario, catalogo generale, http://webthesis.biblio.polito.it/736/
- BORNECQUE (R.), Vauban et les Alpes, Saint-Léger-Vauban, 1995, p. 84-86.
- MARINO (U.), Storia di Pinerolo e dei principi d’Acaja, Pignerol, 1963.
- VAUBAN (S. le P. de), « Places dont le roi pourrait se défaire en faveur d’un traité de paix sans faire de tort à l’État ni affaiblir sa frontière », in VIROL (M.), Les Oisivetés de Monsieur de Vauban, Paris, 2000, p.466-468.