Saint-Jean-Pied-de-Port

Saint-Jean-Pied-de-Port de l’Antiquité au Moyen Âge

Ville d’origine antique située au confluent des trois Nives, Saint-Jean-Pied-de-Port s’est formée le long de la route vers Saint-Jacques de Compostelle. La présence du château-fort des rois de Navarre est attestée en 1189, sous le règne de Sanche VI. Il faut attendre le XIVe siècle pour que l’enceinte de la ville soit reliée au château. Le rempart se compose alors d’une longue courtine avec un chemin de ronde. Le château est disputé entre les familles d’Aragon et d’Albret, nécessitant dès le XVe siècle le renforcement constant des fortifications.

La ville au XVIe siècle

Alors que les Guerres de religion font rage, Castillans et Franco-Navarrais ne cessent de se disputer cette position. Un nouveau fort est construit, dont les défenses sont tournées alternativement vers le nord ou le sud en fonction de l’assaillant. Le duc d’Albe, à la demande des souverains castillans, entreprend la réparation des remparts. En 1523, les murs et la tour du vieux château, en mauvais état, ont disparu. En 1530, Charles Quint donne l’ordre de démanteler ce qu’il reste des fortifications avant de rendre le site aux souverains navarrais. Les Français vont ensuite en prendre le contrôle.

La citadelle du premier XVIIe siècle

Sous le règne de Louis XIII, entre 1624 et 1267, la citadelle de forme rectangulaire avec une seule demi-lune est construite, probablement par l’ingénieur d’Argencourt, en absorbant en son sein le château des rois de Navarre. Il s’agissait alors de disposer d’une place forte afin de contrer l’Espagne contestant l’annexion de la Navarre, et d’y lutter contre les protestants, avec lesquels la paix n’est signée qu’en 1629.
Des améliorations sont réalisées durant le ministère de Mazarin en 1643-1648 peut-être selon les projets du chevalier Antoine de Ville, en tout cas sous la conduite de l’ingénieur Desjardins, actif à Bayonne et Bordeaux dans les mêmes années.

Vauban et Saint-Jean-Pied-de-Port

Vauban inspecte Saint-Jean-Pied-de-Port en 1680 et 1685. De ces deux visites, il tire un projet d’enceinte fermant et agrandissant la ville. L’enceinte médiévale est remplacée partiellement par une enceinte dotée de tours bastionnées à deux niveaux de mousqueterie. Pour la citadelle, il construit les dehors : la demi-lune orientale qu’il crée est précédée d’un chemin-couvert à traverses et d’une contrescarpe, et est reliée au corps de place par une caponnière sous le pont de la porte. à l’intérieur, il démolit le château médiéval pour le remplacer par le logement du gouverneur et du major, des casernes, un arsenal, une chapelle et un puits à l’épreuve. En 1693, il projette d’ajouter un ouvrage à corne devant la demi-lune orientale mais celui-ci n’est pas réalisé. Vauban dűt faire preuve d’une grande capacité d’adaptation au terrain pour bâtir cette citadelle. En effet, la longueur du site est de 600 mètres et sa largeur n’est que de 150 mètres.

Les aménagements de la citadelle aux XVIIIe et XIXe siècles

Au XVIIIe siècle, divers rapports et projets ont pour objectif de rendre les défenses plus efficaces. Des ouvrages de terre sont créés au-devant de la demi-lune orientale. Les fronts nord et sud sont protégés par des chemins couverts terrassés. La citadelle n’a alors pas d’autres protections. Entourée de montagnes, les ingénieurs craignent que sa capacité de défense soit faible et effectuent d’autres aménagements. La route stratégique de l’Arradoy la protège, en complément de sept redoutes dont la redoute de Gastelumendy reliée à la demi-lune de secours orientale de la citadelle par une esplanade. Au cours du XIXe siècle, des garnisons occupent et entretiennent la citadelle sans la modifier profondément, laissant le projet de Vauban inachevé.

La citadelle au XXe siècle

Pendant la Première Guerre mondiale, la citadelle sert de prison pour les soldats allemands et les prisonniers disciplinaires français. Occupée par une garnison jusqu’en 1923, elle est mise en vente en 1935. Entre 1935 et 1939, 500 enfants basques s’y sont réfugiés, fuyant la guerre civile espagnole. La citadelle est ensuite rachetée par la commune, puis classée au titre des Monuments historiques en 1963.

État actuel

Accueillant actuellement un collège, les aménagements intérieurs de la citadelle répondant au projet de Vauban ont été intégralement conservés. L’enceinte urbaine de la ville a été démolie dans sa majorité mais il reste de nombreux témoignages architecturaux dont certaines tours bastionnées de Vauban. Une partie des remparts de la ville haute construits au XIIIe siècle est encore visible.

Saint-Jean-Pied-de-Port

Saint-Jean-Pied-de-Port
43° 9' 50" N, -1° 14' 41" E

Type
citadelle et enceinte
Ingénieurs
Antoine De Ville, Sébastien le Prestre de Vauban
Département
Pyrénées-Atlantiques
Région
Nouvelle-Aquitaine
Bibliographie
  • Association des Amis de la Vieille Navarre, « La citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port » in Vauban et ses successeurs dans les Pyrénées, Paris, 2003, p.295-306.
  • FOLIO (G.), La citadelle et la place de Saint-Jean-Pied-de-Port de la Renaissance à l’époque contemporaine, cahiers du CEHD n°25, Ministère de la Défense, 2005.
  • LE BLANC (F.-Y.), FAUCHERRE (N.), La route des fortifications en Atlantique. Paris, 2007.
  • Ministère de la Défense, Citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/citadelle-de-saint-jean-pied-de-port
  • PECHEUX (B.), INARRA (E.), Fiche d’inventaire de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, base Mérimée, www.culture.gouv.fr
Vue aérienne de Saint-Jean-Pied-de-Port, GoogleEarth, 29/08/2010.
Saint-Jean-Pied-de-Port, plan de 1693, dans Recueil des plans des places du Royaume, divisé par provinces, faits en l’an 1693, s. l., vol. 2, pl. 49, gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.