Saint-Malo

Historique et description

Ville portuaire d’origine médiévale fondée au VIe siècle, Saint-Malo reçoit sa première enceinte au XIIe siècle, sur ordre de l’évêque Jean de Chatillon. Le château du Grand Donjon est construit au même moment. Cet ensemble fortifié est remanié au XIVe siècle pendant la Guerre de Succession de Bretagne. Au cours des trois siècles suivants, la ville devient le premier port du royaume de France : cité corsaire mais aussi de commerce et de négoce.
Le déclenchement de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg en 1689 et l’entrée en guerre de l’Angleterre et des Provinces-Unies contre la France placent Saint-Malo en première ligne pour la défense de la Bretagne. Vauban y est envoyé au printemps 1689. En une semaine, il établit un vaste plan défensif : l’enceinte médiévale est conservée mais renforcée d’ouvrages de terre et de terrassements internes, une digue doit être construite pour relier Saint-Malo au bourg de Saint-Servan. Ce dernier doit être agrandi selon un plan mi-orthogonal mi-radioconcentrique et doté de fortifications bastionnées côté terre et des forts doivent être édifiés sur les îlots rocheux de la baie pour composer une défense maritime avancée. Ces forts sont : le fort Royal, le fort du Grand Bé et du Petit Bé et le fort de la Conchée. L’ancienne tour médiévale de Solidor doit être rehaussée et dotée d’un parapet d’artillerie. L’ingénieur Garangeau applique les chantiers sur place tout en affinant l’adaptation au terrain.
Toutefois, le projet suscite une vive opposition des Malouins. Ceux-ci refusent de voir le bourg populaire de Saint-Servan s’agrandir, agrandissement qui menacerait de faire de l’ombre à Saint-Malo. Ils s’opposent également au projet du port craignant une concurrence entre la flotte de guerre et celle de commerce. Suite à ces protestations, le projet urbanistique est abandonné. Seuls les forts sont réalisés. Les attaques anglo-hollandaises des années 1690 en démontrent la nécessité. La plus célèbre attaque est celle de novembre 1693 oů les Anglais lancent un brűlot, c’est-à-dire : un navire piégé bourré d’explosifs et de ferrailles en shrapnell, contre les remparts de Saint-Malo. Malgré cela, Vauban continue à défendre son grand projet, dont il fournit la version définitive en 1700.
Outre le fort de la Conchée, quatre forts sont construits par Garangeau sous l’ordre de Vauban : le fort Royal (actuel fort National), les forts du Grand Bé et du Petit Bé et le fort de la Varde. Le fort National est bâti en 1691-1692. Il s’agit d’un ouvrage carré composé d’une batterie haute à seize embrasures, d’un front bastionné au sud, d’une porte précédée d’un pont-levis et d’un fossé sec et d’une gorge protégée par un mur à créneaux de mousqueterie. Le magasin à poudre, le hangar d’artillerie et le corps de garde sont insérés dans un bâtiment central doté de combles pour le logements de renforts. Son enceinte est élargie aux XIXe-XXe siècles. Le fort du Petit Bé est en chantier en 1693 durant le siège anglais cité plus haut. Il s’agit d’une batterie en fer à cheval à dix-neuf embrasures à canons côté mer et d’un front bastionné à deux demi-bastions et créneaux de mousqueterie côté terre. Une échauguette complète la protection vers le large. Le fort de la Varde présente un plan similaire. Bâti en 1694, devant le mouillage de la Fosse aux Normands par Garangeau, il est composé d’une batterie basse rayonnante à huit canons et deux mortiers côté mer, et fermé à l’arrière par un mur crénelé pour le mousquet. L’ouvrage comprend un corps de garde pour officiers et soldats, ainsi qu’un magasin à poudre voűté. Ce fort est transformé en position anti-chars durant la Seconde Guerre mondiale par l’Occupant allemand. Quant au fort du Grand Bé, le seul construit sur un îlot et non sur des rochers, son édification date du 16e siècle. En 1697, Garangeau l’agrandit sur conseil de Vauban. Il y aménage un nouveau corps de garde et un magasin de stockage dans l’ancienne chapelle.
Au cours du XVIIIe siècle, deux forts supplémentaires sont ajoutés pour compléter les défenses, pendant la Guerre d’Indépendance américaine. En 1783-1784, le fort des Rimains est construit sur l’île du même nom, d’après un projet de 1704 de Garangeau. Il s’agit d’un fort bastionné à batterie rasante et tour d’artillerie. Le fort Saint-Père est édifié à Saint-Père-Marc-en-Poulet entre 1777 et 1785. C’est un fort bastionné carré. Les derniers aménagements défensifs datent de la Seconde Guerre mondiale lorsque l’armée allemande réutilise plusieurs ouvrages fortifiés pour les intégrer dans le Mur de l’Atlantique. Le port souhaité par Vauban est finalement construit de 1948 à 1970.

État actuel

L’ensemble des forts et des remparts de Saint-Malo existe toujours mais a été fortement restauré après 1945 suite aux ravages du siège allié d’aoűt 1944. Les restaurateurs ont cependant eu le souci de rétablir le dernier état d’avant guerre. Tous peuvent se visiter, hormis le fort de la Conchée, toujours ruiné.

Saint-Malo

Saint-Malo
48° 38' 46.6584" N, -2° 2' 29.9548" E

Type
enceinte urbaine, forts détachés et arsenal maritime
Département
Ille-et-Vilaine
Région
Bretagne
Bibliographie
  • FAUCHERRE (N.) et LECUILLIER (G.), La route des fortifications en Bretagne Normandie, Paris, 2006, éd. Huitième Jour, coll. Les étoiles de Vauban.
  • Vauban et ses successeurs sur les côtes de la Manche, Paris, 2003.
Saint-Malo et Saint-Servan, plan de 1700, dans Cartes des environs de plusieurs places [entre les Alpes, la Méditerranée et les côtes de la Manche], vol. 2e, pl. 33, gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.
Vue aérienne de Saint-Malo et sa baie, GoogleEarth, 30/08/2010.