Tour de Tatihou
L’île Tatihou du Paléolithique au XVIIe siècle
Site occupé depuis le Paléolithique, l’île Tatihou est fortifiée en 800 avant notre ère. Des talus de pierre de trois à quatre mètres de hauteur forment le rempart entourant une superficie d’environ quatre hectares. Des murs et des dalles de granit protégeaient le rempart. Abandonné 200 ans plus tard, il faut attendre le Ier siècle de notre ère pour que les Gaulois occupent à nouveau le site. Au IXe et Xe siècles, les invasions vikings n’épargnent pas l’île Tatihou. à partir du XIe siècle, deux fermes sont installées sur l’île. Des familles y séjourneront jusqu’au XIVe siècle. Des champs cultivés et des vergers sont réinstallés au XVIe siècle lorsqu’un manoir seigneurial est construit sur l’île. Louis XIV en ordonne la destruction au siècle suivant, à l’exception du puits qui sera utilisé jusqu’au XIXe siècle. En 1575, une première tour a été construite par François le Clerc. Rachetée par Nicolas Fouquet, elle est détruite en 1662 suite à sa disgrâce.
Les interventions de Vauban à Tatihou
La tour de Tatihou est construite en même temps que celle de La Hougue, durant la Guerre de la Ligue d’Augsbourg. Il s’agit de protéger la rade de Saint-Vaast qui avait subi une attaque suite à une défaite navale française en juin 1692. Le chantier débute le 11 juin 1694. L’ingénieur De Combes applique les plans de Vauban. Il s’agit d’une tour tronconique mesurant 26 mètres de diamètre à sa base, avec des murs de 3,60 mètres d’épaisseur et une tourelle d’escalier hors d’œuvre culminant à 27 mètres. Les étages sont voűtés à l’épreuve, dotés de meurtrières et le sommet est une plateforme d’artillerie avec créneaux à canons. La tourelle d’escalier est recouverte par une calotte hémisphérique. Les sous-sols contiennent une citerne, des magasins aux vivres et un magasin à poudre. Les niveaux supérieurs sont réservés aux soldats. Pour protéger l’entrée de la tour, une fausse braie précédée d’un fossé sec et franchissable par pont-levis équipe l’ensemble. La porte est dotée de créneaux de fusillade et d’un assommoir. Distante de trois kilomètres de la tour de La Hougue, la tour de Tatihou peut croiser ses feux avec cette dernière et interdire l’entrée du mouillage. Deux pavillons, une caserne, une chapelle et deux tourelles complètent l’ensemble. La défense de la rade est complétée par la batterie de l’île et un système défensif composé de trois redoutes qui ont rapidement disparu, par manque d’entretien.
L’île Tatihou après le départ de Vauban
La tour de Tatihou est rapidement abandonnée. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les étages sont transformés en magasins à poudre et à salaison. Une tourelle du fort est remplacée en 1775 par un bâtiment qui accueille d’abord une aumônerie, devenue une salle de police puis une prison. Le fort est entouré de retranchements en terre bastionnés et de deux redoutes.
Ce système sera modifié au milieu du XIXe siècle, se révélant obsolète. Le fort est alors entouré de douves, de fossés en eau à escarpes et contrescarpes, et de trois angles bastionnés. La tour occupe le quatrième angle. L’ensemble est complété par des plates-formes de tir et des canons. Une nouvelle caserne, dite la caserne n°7, est construite dans la deuxième décennie du XIXe siècle. En 1852, la chapelle devient un magasin à poudre après avoir été un lieu de stockage.
Le site est occupé par l’armée jusqu’à la Première Guerre mondiale. Dés 1910, des prisonniers civils y sont logés, sous la surveillance des militaires. Ce centre est fermé en 1918 pour être transféré à La Hougue. En 1939, des réfugiés de la Retirada y sont accueillis.
à l’opposé du fort, fut créé en 1720 un lazaret, centre de quarantaine pour les équipages et les cargaisons provenant de régions contaminées par la peste. En 1888, le laboratoire du Museum d’Histoire Naturelle y est installé.
Tour de Tatihou
Tour de Tatihou
49° 35' 20" N, -1° 14' 36" E
- BAUDE (J.J.), « Les Côtes de la Manche » in Revue des Deux Mondes, s. l. 15 décembre 1858, p. 890-930.
- FAUCHERRE (N.), LECUILLIER (G.), La route des fortifications en Bretagne Normandie, Paris, 2006.
- FOURNIER (P.), « L’Ile Tatihou » in Vauban et ses successeurs sur les côtes de la Manche, Paris, 2003, p.369-372.
- LAGNEAU (J.-F.), Etude préalable à la restauration générale et la mise en valeur du fort de Tatihou, Paris, 1989.
- Ouvrage Collectif, Sagas de Tatihou, histoire d’une île normande, Bayeux, 2012.
- THIN (E.), Quand l’ennemi venait de la mer, Saint-Lô, 1992.