Brest
Brest avant l’intervention de Colbert
Ville d’origine romaine bâtie sur un site occupé depuis la Préhistoire, Brest reçoit sa première fortification au IIIe siècle. Il s’agit alors d’un fortin de défense littorale. Ce fort est remplacé par un château médiéval au XIIIe siècle. Au XIVe siècle, le château est occupé par les Anglais. Il faut attendre 1489 et la prise de la ville par les Français pour que l’agglomération se développe au-delà de l’enceinte du château. Au XVIe siècle, deux bourgades émergent et sont à l’origine du développement urbain : Brest sur la rive gauche du fleuve, Recouvrance sur la rive droite. Le château médiéval est protégé par des bastions vers 1530, puis, en 1560, l’ingénieur Pietro Fredance renforce les dehors. Les travaux durent jusqu’en 1597. Il faut attendre 1631 et le cardinal de Richelieu pour qu’un véritable port arsenal se développe. La flotte royale du Ponant, pièce essentielle de la stratégie navale française, prend ses quartiers. Une première enceinte urbaine moderne est bâtie par Julien Ozanne en 1655. Elle était composée de douves et de demi-bastions construits avec des matériaux de moindre qualité. Ni entretenue, ni restaurée, cette enceinte est en ruine vingt ans plus tard.
Les fortifications de Brest de 1661 à 1683
En 1661, la nomination de Colbert comme ministre des Finances entraîne les premiers grands investissements pour le port de Brest. En 1667, le chevalier de Clerville, commissaire général des fortifications, établit un projet d’agrandissement du port. Ce projet prévoit entre autres : la construction de logements et bâtiments afin d’attirer à Brest de la main d’œuvre spécialisée, des commerçants, des marins et de nouveaux habitants civils, de créer une milice urbaine, de construire de nouveaux quais, une place d’armes et un arsenal. L’intendant Seuil applique de manière anarchique ces consignes jusqu’en 1683. Ne respectant pas les plans de Clerville, il s’applique à augmenter le nombre d’habitants, et dès 1674 commence à fortifier la ville entière. En 1681, Colbert nomme l’ingénieur Sainte-Colombe pour lui proposer un second projet. Celui-ci améliore les défenses de la ville et agrandit l’enceinte en y incluant des terrains vides. Il décède en 1682.
Vauban à Brest
Au décès de Sainte-Colombe, Vauban est nommé par Louis XIV pour lui succéder. Seuil est limogé pour malversations ; il est remplacé par Desclouzeaux. Vauban propose un certain nombre d’aménagements pour Brest : maçonnage de l’enceinte, rectification du tracé de l’arsenal, amélioration des défenses du château par l’ajout de glacis, chemin couvert et demi-lunes, ajouts de batteries côtières le long du goulet, amélioration de l’accès du port aux civils pour développer le commerce, construction d’une halle de marchés, d’un nouvel hôtel de ville et d’une nouvelle église paroissiale. Au-delà de la défense de l’arsenal, il s’agit de fédérer les bourgs de Brest et Recouvrance, séparés par le fleuve de la Penfeld et de concevoir une nouvelle ville militaire tournée vers la mer, fonctionnelle, capable d’accueillir une population importante. En 1685, il établit un programme d’urbanisation des terrains vierges selon une trame orthogonale. Il complète ce programme en 1694 par des prescrits dans les matières suivantes : réutilisation des axes préexistants en les prolongeant, rectification des tracés trop sinueux, amélioration des revêtements pour rendre les rues carrossables, introduction de normes dans la construction des maisons particulières (alignement, solidité, résistance aux incendies en cas de bombardements) et soucis de théâtralisation du pouvoir par le percement de larges rues autour des bâtiments importants.
L’application des projets de Vauban à partir du XVIIIe siècle
La réalisation partielle des projets de Vauban ne débutera qu’en 1704 et ceux-ci se poursuivent sous Louis XVI, puis sous le Premier Empire et la Restauration. En 1858, Napoléon III fait agrandir l’arsenal et un nouveau port de commerce est construit jusqu’en 1865. Les fortifications de la ville sont modifiées et étendues grâce à la construction de bastions et de casernes qui résistent mieux à l’artillerie. Les plans de Vauban resteront la référence en matière d’urbanisme à Brest jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Brest
Brest
48° 23' 27" N, -4° 29' 8" E
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