Dunkerque

Les premières fortifications de Dunkerque

Née d’un petit village de pêcheurs du VIIe siècle au bord de la mer du Nord, Dunkerque reçoit sa première enceinte de palissade de bois en 960. Au XVe siècle, une enceinte maçonnée octogonale à 28 tours protège Dunkerque.
Devenue ville frontière, elle garde cette enceinte, dite bourguignonne, jusqu’en 1640. Charles Quint y fait construire un premier bastion en 1548. Ses successeurs ajoutent des casernes dans la première moitié du XVIIe siècle. La ville est assiégée plusieurs fois par les Français, les Espagnols et les Anglais. En 1640, une nouvelle enceinte urbaine est construite pour remplacer les remparts bourguignons. Les Espagnols érigent une nouvelle ligne défensive composée de 10 bastions et de fossés inondés. En 1644, le fort Léon est édifié devant l’entrée de la rade pour renforcer les défenses du côté de la mer. Ces chantiers n’empêchent pas la prise de Dunkerque par les Français en 1646, reprise six ans plus tard par les Espagnols, puis par les Anglais en 1658. Ceux-ci remplacent le fort Léon par une citadelle pentagonale irrégulière qui ferme le port, reliée à la ville par un pont en bois. En 1662, Louis XIV achète Dunkerque au roi d’Angleterre pour en faire un grand port de guerre.

Vauban à Dunkerque

Les premiers chantiers de Vauban consistent en l’achèvement de la citadelle dressée par les Anglais. Contrairement aux habitudes de l’ingénieur, elle ne contrôle pas la ville. Sept lignes de défense s’échelonnent vers la mer, une seule regarde la cité. Pour le port, Vauban fait approfondir le banc Schurken qui barre le chenal, qu’encadrent des jetées sur pilotis longues de 1 200 mètres. Les approches du port sont protégées par des forts bâtis sur la laine de mer : le fort du Risban, le fort Vert, le fort de l’Espérance, le fort de Revers, le fort Blanc et Château Gaillard. L’enceinte de la ville est reconstruite et comporte dix bastions. Elle enferme un périmètre plus grand que la précédente. Les chantiers des nouveaux remparts urbains commencent en 1668 et s’achèvent en 1683 par la démolition des murailles médiévales. Vauban fait de Dunkerque un véritable camp retranché qu’un canal relie à la ville de Bergues. Ainsi, les deux villes se couvrent mutuellement et peuvent se ravitailler. Entre les deux places, il fait construire deux forts à front de canal, les forts Louis et Saint-François, cernés de douves qui surveillent la voie d’eau.

L’agrandissement de la ville

Au-delà de la protection de la ville par de nouvelles fortifications, Vauban propose également de modifier l’urbanisme de Dunkerque. Le plan pour servir à la distribution des rues et des places à bâtir est signé par Vauban le 23 septembre 1686. Il définit un schéma d’urbanisation qui sera respecté à peu de choses près, suivant un plan en damier qu’il affectionne pour sa simplicité et son fonctionnalisme. Les services de commandement militaire sont regroupés dans la citadelle et l’arsenal de la Marine, et les équipements civils restent dispersés dans la ville ancienne. La trame urbaine de la nouvelle ville s’articule avec les anciens quartiers par la place Dauphine à l’est et la place Royale au sud. En juillet 1678, Vauban programme l’extension et le remodelage de la ville de Dunkerque à l’intérieur de la nouvelle enceinte et au-delà. Il préconise la démolition de la vieille enceinte bourguignonne devenue inutile. En 1680, la superficie de la nouvelle ville avec le port et l’arsenal s’élève à 240 000 toises soit 96 hectares, doublant la surface de Dunkerque.

Dunkerque aux XVIIIe et XIXe siècles

En 1713, le nombre d’habitants diminue suite à la destruction des fortifications, répondant à une demande anglaise dans le cadre du traité d’Utrecht. Celle-ci est réalisée par les soldats français ; seul le fort François est épargné. En aoűt 1714, le port est fermé, entraînant la fin de la prospérité de la ville. La croissance économique et urbaine reprend au cours du XVIIIe siècle, et l’ensemble des terrains prévus par Vauban finit par être occupé. Un hôpital et les bâtiments de l’Intendance sont également construits dans l’agrandissement urbain. Un nouveau quartier est ajouté en 1754, les extensions du XVIIe siècle étant remplies. Une dernière ceinture de remparts est construite sous la Restauration et est terminée en 1830. L’enceinte, établie de 1818 à 1848, sera améliorée de 1869 à 1879.