Fort de Bouc
La première tour du Fort de Bouc
Le site de la tour du fort de Bouc est occupé depuis le XIIIe siècle par un ouvrage défensif visant à protéger l’entrée du canal de Caronte des invasions maritimes. Nicolas Claude Fabri de Peyresc est le premier à mentionner l’existence de cette tour de défense, dont la construction aurait débuté entre 1216 et 1220. Il s’agit d’une tour carrée de 12 mètres de côté et de 21 mètres de hauteur, à cinq niveaux. L’entrée se faisait par le premier étage. Le rez-de-chaussée servait de cellier et n’était accessible que par le premier étage. Les murs y faisaient cinq mètres d’épaisseur pour une meilleure protection. Tous les étages étaient voűtés et reliés par un escalier en colimaçon. On y trouvait les logements des soldats, les cuisines et les postes de garde. Cette première construction subsiste en l’état pendant quatre siècles. En 1536, la tour est transformée en phare de vigie et de signal aux navires. à l’issue des guerres de Religion, la tour passe dans le domaine royal, et est gérée par les gouverneurs de Provence.
La construction du fort actuel
Sous le règne d’Henri IV, le fort actuel est construit autour de la tour médiévale. L’ingénieur Raymond de Bonnefons dirige le chantier de 1605 jusqu’à son décès accidentel en 1607. Jean de Bonnefons, son fils, achève la réalisation en 1610. L’ouvrage réalisé se présente sous la forme d’un fort triangulaire équipé d’un front à deux demi-bastions, dits du Roi et de la Reine côté terre, d’un pont dormant d’accès, d’un fossé sec et deux autres fronts sans défenses externes. La tour ancienne est conservée. Dans les années 1640, le front de mer s’écroule après une tempête ; les fortifications sont reconstruites et la demi-tour circulaire prend la forme d’un redan. Entre 1652 et 1683, les parapets des bastions sont ajoutés et une demi-lune est édifiée. Vauban visite le site en 1686 et en souligne l’importance dans un rapport rédigé en 1687.
Le projet d’Antoine Niquet
En 1693, l’ingénieur Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence et collaborateur de Vauban, élabore un projet pour renforcer le fort de Bouc qui comprend l’aplanissement du glacis ancien, un rehaussement du mur de contrescarpe et le placement de cinq traverses sur le chemin-couvert. Il propose également de recreuser des fossés côté terre et modifier la demi-lune en déplaçant le corps de garde. Pour le fort, il est décidé de rehausser et renforcer le parapet, de créer des meurtrières et des cavaliers sur le front de terre, avec deux salles superposées en dessous. Un grand bâtiment relie le bastion du Roi à la pointe de la presqu’île. Ces modifications sont réalisées progressivement en fonction des disponibilités financières. Vauban valide une partie d’entre elles avant son décès en 1707.
Le fort du XVIIIe au XXe siècle
En 1747, les créneaux sont masqués et le parapet rehaussé pour permettre le tir à barbettes. à cette époque, le fort possède une garnison permanente de 70 à 100 hommes. Le fort est alors principalement employé comme refuge pour les marins. En 1793, un four à rougir les boulets y est ajouté. Napoléon Ier fait abaisser le parapet du bastion de la Reine pour le tir à barbette. Un projet de fortification plus important, daté de 1810-1812, n’est pas appliqué. Plusieurs autres projets sont dessinés au XIXe siècle mais ne sont jamais réalisés. Le fort est déclassé une première fois en 1889 et utilisé comme phare. École de tir durant la Première Guerre mondiale, le fort est remis au Ministère de la Guerre le 1er juin 1932, avant d’être occupé par le service des Phares et Balises. Occupé par les Allemands entre 1942 et 1944, il subit d’ultimes modifications avant d’être abandonné en aoűt 1944 et partiellement détruit.
État actuel
Le fort et la tour médiévale subsistent toujours ; ils ont été remaniés et restaurés. Seul le chemin couvert a disparu. Le fort de Bouc est ouvert au public toute l’année. La tour est aujourd’hui surmontée d’une tourelle cylindrique accueillant un phare de 32 mètres, électrifié depuis 1936.
Fort de Bouc
Fort de Bouc
43° 39' 36" N, 5° 38' 57" E
- ADGE (M.), CATARINA (D.), (et alii), La route des fortifications en Méditerranée, Paris, 2007.
- RIBIERE (H.), « Le fort de Bouc » in Vauban et ses successeurs en Provence occidentale, Paris, 2009, p.221-247.