Mézières

Les premières fortifications de Mézières

Située dans un coude entre deux bras de la Meuse, Mézières est dotée de son premier château sous le règne de Charlemagne en 812. Construit en bois et terre levée, il est incendié en 897, et reconstruit en pierre en 899. Son emplacement est celui de l’éperon dominant les deux bras du fleuve. Il est pourvu d’une chapelle castrale, érigée en collégiale en 1176. Elle est alors entièrement reconstruite dans le style gothique et dotée d’un cloître. La ville se développe progressivement au pied du château, et devient une importante bourgade, entourée de remparts et flanquée de tours et de portes en 1205, pendant la gouvernance du comte Hugues III de Rethel. Deux ponts fortifiés franchissent le fleuve. Cette enceinte est réparée plusieurs fois mais la formation de quatre faubourgs, Saint-Julien à l’ouest, Arches au nord, Pont-de-Pierre au sud et Bertancourt à l’est, conduit à la remplacer au XVIe siècle.

Les ouvrages du XVIe siècle

Les années 1500 voient également la transformation du donjon médiéval en cavalier. Les remparts sont épaissis et reçoivent des boulevards d’artillerie. En 1521, Bayard défend la ville de Mézières contre les troupes impériales de Charles Quint. Le siège démontre l’importance de cette place pour la défense du royaume et la nécessité d’y créer des défenses suffisantes. Dans un premier temps, on construit des tours modernes, et particulièrement entre 1522 et 1528, deux énormes tours à canons, dites Milard et du Roi, sur le modèle de Langres ou de Mouzon. Cette modernisation se poursuit vers 1560 par l’utilisation du bastion pour renforcer l’enceinte urbaine. Le premier est placé devant la porte Saint-Julien. Les premiers ouvrages modernes de l’enceinte sont édifiés devant la porte occidentale : il s’agit d’un bastion à orillons et d’une demi-lune dite de L’As de Pique. L’ensemble est édifié vers 1594-1597 par Louis de Gonzague, gouverneur de la ville. La citadelle est créée en 1589 par le comte de Saint-Paul, lieutenant général de Champagne, entré en rébellion dans la ligue catholique contre Henri III puis Henri IV, à l’emplacement du faubourg oriental, entraînant la destruction du quartier entier, le déplacement de la population et de l’activité marchande et artisanale à Charleville, alors en plein développement. Un front bastionné de pierre est édifié de 1590 à 1593 contre la ville et le palais ducal proche. L’intervention d’un ingénieur employé par l’Espagne est supposée. Ce front comporte trois bastions, un au centre et deux sur les flancs. Cela ne suffit pas pour empêcher la prise de la citadelle par les armées d’Henri IV en 1593.
Devenue royale, elle est modifiée entre 1620 et 1655 par l’ajout à l’est d’un front à trois bastions, précédé d’une demi-lune à réduit. Une porte y est percée. Un bastion est ajouté sur le front nord. L’enceinte urbaine reçoit des ouvrages bastionnés aux XVIe et XVIIe siècles.

Vauban à Mézières

Vauban intervient à partir de 1675 et intègre la ville dans la seconde ligne du Pré Carré. L’enceinte urbaine est intégralement bastionnée. Les trois faubourgs subsistants sont entourés par des ouvrages à corne de grandes dimensions. Celui de l’ouest est flanqué sur ses côtés nord et sud par des demi-lunes. Il est coupé du centre-ville par un autre ouvrage à corne doté d’un fossé en eau et flanqué de deux bastions. Celui du sud est séparé du centre par la Meuse et un réduit. Il est flanqué de deux bastions détachés près du fleuve. Le troisième, situé au nord, est le plus simple car il n’est flanqué que par un seul bastion détaché. Deux contre-gardes y sont ensuite ajoutées. Tous les fossés sont inondés. Les casernes de la citadelle sont édifiées en 1688. En 1692, Vauban déclare dans une lettre à Louis XIV que Mézières est opérationnelle. Les chantiers entraînent la réduction de la superficie habitable des faubourgs, incitant les habitants expropriés à quitter Mézières pour Charleville. Les fortifications de cette dernière ont été démolies en 1688, sur ordre de Louis XIV, afin de pouvoir en utiliser les matériaux pour renforcer les défenses de Mézières.

Mézières aux XVIIIe et XIXe siècles

Au XVIIIe siècle, l’enceinte urbaine de Mézières est modifiée par la construction d’un ouvrage à couronne à l’ouest qui entoure le faubourg de Pierre et l’augmentation de la longueur des fronts des faubourgs. En 1748, une école du Génie est fondée dans la ville. Après les bombardements et le siège prussien de 1870, un fort de type Séré de Rivières et une batterie, reliés par un chemin couvert, sont édifiés entre 1877 et 1880 sur le site des Ayvelles, à quelques kilomètres de la ville. Ce fort de plan carré est équipé de façon à garantir l’autonomie de la garnison. Les fortifications de Mézières sont cédées à la ville et démantelées de 1884 à 1890, suite à leur déclassement. Les portes sont détruites, ainsi que les ouvrages avancés. Les tours sont en partie conservées, ainsi que le tracé général des remparts.

État actuel

De l’enceinte urbaine, il ne subsiste que quelques tours médiévales. à la citadelle, trois bastions, une porte et des casernes ont été conservés. Restée propriété de l’armée, elle est officiellement cédée à la ville en 1954. Le site a été transformé en cité administrative et locative. La batterie Séré de Rivières et le fort des Ayvelles sont accessibles au public.

Mézières

Mézières
49° 46' 19" N, 4° 42' 58" E

Type
citadelle et enceinte
Ingénieurs
Sébastien le Prestre de Vauban
Département
Ardennes
Région
Hauts-de-France
Bibliographie
  • MARTIN (P.), La route des fortifications dans l’Est, Paris, 2007.
  • Ouvrage collectif, Les fortifications de Mézières, s. l. n. d.
  • Ouvrage collectif, « L’histoire de la citadelle de Mézières » in Revue historique ardennaise, s. l. n. d.
Mézières. Charleville, plan de 1753, gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France.
Vue aérienne de Mézières, GoogleEarth, 17/08/2010.