Prats-de-Mollo

Prats-de-Mollo au Moyen Âge

Située dans le Haut Vallespir, près des sources du Tech, Prats-de-Mollo est mentionnée dès 878. La ville est alors divisée en deux par le torrent de la Guillème. La population de l’agglomération augmente au XIIIe siècle suite à l’octroi par le roi d’Aragon d’une charte de peuplement. Le château de Perella surplombe alors la ville haute. Au XIVe siècle, les rois de Majorque sont les souverains des Pratéens. C’est sous leur règne qu’est édifiée la première enceinte de la ville. Quatre tours à signaux sont bâties sur les hauteurs environnantes : la tour de Mir, la tour de la Guardia, la tour de Cos et la tour de Cabrenç.

Les premières interventions françaises

Le Traité des Pyrénées de 1659 attribue Prats-de-Mollo à la France gouvernée par Louis XIV. Une garnison française s’y installe en 1659 mais aucun chantier n’est à signaler avant 1670, année oů Louis XIV fait détruire les murailles médiévales pour punir Prats-de-Mollo, centre de la Révolte des Angelets contre la gabelle (révolte qui avait éclaté en 1667). Le château de Perella est alors transformé en citadelle. Une enceinte bastionnée est édifiée autour de la tour de la Guardia, désormais destinée à la surveillance des frontières espagnoles et de la population.

Les aménagements de Vauban et Rousselot

En avril 1670, Vauban visite Prats-de-Mollo. Il estime que la destruction de l’enceinte urbaine est dangereuse pour le site et présente alors un projet de modernisation des remparts avec l’ajout de bastions aux angles et d’une demi-lune sur le front est. Il propose également de bâtir un fort autour de la tour de la Guardia, appelé fort Lagarde depuis le XVIIIe siècle. Louvois, ministre de la Guerre, dissuade Louis XIV de réaliser le projet, mais les remparts médiévaux sont reconstruits en 1691 et équipés d’échauguettes, de portes à bretèches, de chemins de ronde et de grilles. En 1688, une redoute dite Tour carrée est construite entre le fort et la ville. L’ingénieur Rousselot est en charge du suivi des travaux en 1692 et commence le chantier la même année, se basant sur les projets de son prédécesseur. La Guerre de la Ligue d’Augsbourg fait rage et les crédits destinés au chantier sont suspendus en 1693, provoquant l’arrêt des travaux. Seul un tiers du projet prévu pour le fort Lagarde a été édifié. On y trouve une citerne, une boulangerie, une cuisine, une salle d’armes, des poternes et la chapelle Saint Jean-Baptiste. La tour de la Guardia sert de magasin à poudre. Elle est entourée d’un corps de caserne et de fausses braies. L’enceinte de la ville n’est pas bastionnée. Quatre portes permettent d’y entrer : la porte d’Espagne, accessible par le pont médiéval franchissant le Tech, la porte de France, la porte du Verger et la porte de la Fabrique.

Prats-de-Mollo du XVIIIe au XXe siècle

Au XVIIIe siècle, la Tour Carrée est reliée au fort Lagarde par une communication souterraine. Il doit faire face à une invasion espagnole en 1793. Les 250 hommes de la garnison qui s’y sont réfugiés doivent se rendre après seulement quelques jours de blocus, manquants de vivre et de munitions.
Au XIXe siècle, une voie de communication couverte est créée entre la ville et la Tour Carrée, et de nouvelles défenses sont construites au-devant de la porte d’Espagne.
Vendu par l’armée en 1920, le fort Lagarde est classé au titre des Monuments historiques en 1925. La ville l’achète en 1976 et entreprend sa restauration en 1982. Un musée dédié à la fortification et à l’histoire militaire y a ouvert depuis les années 1990.

État actuel

L’ensemble des remparts, de la redoute carrée et du fort, de même que le chemin retranché qui les relie, subsiste et se visite. L’enceinte de la ville est intégralement conservée au nord et à l’ouest. L’enceinte au sud ne comprend plus que quelques éléments médiévaux et la porte d’Espagne. Le plan-relief de 1691, réparé en 1816, est conservé au Musée des Plans-Reliefs à Paris.

Prats-de-Mollo

Prats-de-Mollo
42° 24' 18.2498" N, 2° 28' 47.22" E

Type
enceinte, fort
Ingénieurs
Sébastien le Prestre de Vauban, François Rousselot
Département
Pyrénées-Orientales
Région
Occitanie
Bibliographie
  • AYATS (A.), Les fortifications de Vauban. Découverte guidée en pays catalan, Canet, 2007.
  • AYATS (A.), « Les fortifications de Prats-de-Mollo » in Vauban et ses successeurs dans les Pyrénées, Paris, 2003, p.349-354.
  • FAUCHERRE (N.), La route des fortifications en Méditerranée, Paris, 2007.
  • WARMOES (I.), Le Musée des Plans-Reliefs, Paris, 1997, p.55.
Prat-du-Mouillon [Prats-de-Mollo] avec les projets de Vauban et Rousselot en traits fins, plan de 1693, dans Recueil des plans des environs de plusieurs places du Royaume faits en l’an 1693, [Paris], pl. 39, gallica.bnf.fr / BNF.
Vue aérienne de Prats-de-Mollo, GoogleEarth, 27/08/2010.