Saint-Vincent-les-Forts
La construction du fort Saint-Vincent en 1693
Jusqu’alors protégé par un château médiéval, le village de Saint-Vincent est détruit par un incendie durant l’invasion savoyarde du duc Victor-Amédée pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697). Ce village domine le défilé aval de l’Ubaye, vallée alors savoyarde enclavée dans le Dauphiné français. Envoyé en inspection dans les Alpes suite à l’invasion savoyarde, Vauban propose, dans un rapport daté du 25 décembre 1692, de bâtir une tour carrée à mâchicoulis entourée d’une enceinte bastionnée de faible ampleur, dans un rapport daté du jour de Noël 1692. Ce fort en forme de losange est percé d’une entrée au centre de la courtine sud-est. La porte est entourée de deux demi-bastions. Le fort est conçu pour accueillir une garnison de 80 à 100 hommes. Il est équipé d’une citerne d’eau de pluie, d’une boulangerie et d’une maison du commandant. Une seconde porte, équipée d’un hourd, perce le front nord. Chargé d’appliquer les plans de Vauban, l’ingénieur Richerand, directeur des fortifications du Dauphiné, les modifie, notamment le tracé de l’enceinte, afin qu’il s’adapte mieux au rocher.
L’ouvrage est achevé en 1693. Cependant, Richerand constate que la route de Lauzet à Seyne-les-Alpes n’est pas visible du fort, en direction du col. Il décide donc d’édifier une tour ronde à galerie de bois de 300 mètres en avant du fort. Cet ouvrage, de très faible valeur militaire, sert surtout de poste de garde. Elle est achevée en 1696, en pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg, alors que la Savoie reste menaçante. Richerand projette également une enceinte pour le village.
Saint-Vincent-les-Forts du XVIIIe au XIXe siècle
En 1700, Vauban se rend sur place et déplore les modifications de Richerand. Il demande des corrections au niveau des escarpements et des embrasures et reprend le projet d’enceinte autour du village en dessinant un rempart à tours bastionnées semi-circulaires, et préconise la construction de casernes.
Vauban projette l’ajout d’une seconde tour de guet, plus grande et plus éloignée. Faute d’argent, seules des corrections de détails sont réalisées. La tour supplémentaire et l’enceinte ne seront jamais réalisées, d’autant plus que l’Ubaye devient française en 1713, réduisant l’intérêt du fort de Saint-Vincent. Durant le XVIIIe siècle, le fort est abandonné. Il retrouve une certaine utilité militaire pendant la Révolution Française, ce qui justifie sa restauration sous la Monarchie de Juillet (1830-1848). Restauré et légèrement réaménagé au cours du XIXe siècle, le fort est finalement déclassé en 1880 et remplacé par deux autres forts et une batterie, situés à plus haute altitude.
État actuel
Le fort de Saint-Vincent a été acheté en 1997 par des propriétaires privés, alors qu’il était en ruine. Sa restauration est en cours, avec l’aide de l’Association des Amis du fort Saint-Vincent. Le site est ouvert au public lors des Journées Européennes du Patrimoine.
Saint-Vincent-les-Forts
Saint-Vincent-les-Forts
44° 26' 46" N, 6° 22' 23" E
- BARDE (Y.), Sentinelles des Alpes, citadelles et fortifications, Rennes, 2010.
- BORNECQUE (R.), FAUCHERRE (N.), La route des fortifications dans les Alpes, Paris, 2006.
- BORNECQUE (R.), Vauban et les Alpes, Saint-Léger-Vauban, 1995.
- Ouvrage collectif, Vauban et ses successeurs dans les Alpes maritimes, Paris, 2004.
- Site du fort Saint-Vincent, www.fort-st-vincent.com