Valenciennes

Historique et description

Située au confluent entre l’Escaut et le ruisseau de la Rhônelle, la première agglomération de Valenciennes est apparue à l’époque romaine, sur un site occupé antérieurement par les Gaulois. Les premières fortifications datent du Xe siècle. Des fortins sont bâtis de part et d’autre du confluent vers 250. Un siècle plus tard, l’empereur Valentinien fait construire la première enceinte urbaine et l’élève au rang de ville (vers 364-367). Ce n’est pas suffisant pour empêcher le pillage par les Huns puis les Vandales vers 406 de notre ère. Sous les Mérovingiens et les Carolingiens, Valenciennes reprend en importance et se développe. Les fortifications romaines semblent avoir été conservées et englobent alors le noyau primitif composé de l’église Notre-Dame-du-Saint-Cordon, de l’église Saint-Vaast et de l’abbaye mérovingienne de Saint-Jean. Les comtes de Valenciennes construisent un château au début du IXe siècle, à l’emplacement de la future citadelle des Temps Modernes. Au XIIe siècle, le comte Beauduin l’Edificateur agrandit l’enceinte et la ville afin de reconstruire un nouveau palais et d’inclure des hameaux proches. Cette nouvelle enceinte est maçonnée et comporte des créneaux, mâchicoulis et hourds de bois. Un fossé précède les remparts. Ceux-ci sont équipés de tours à deux niveaux possédant le même équipement que les murailles. Plusieurs portes percent les remparts. Le tracé de cette enceinte est en majeure partie conservé jusqu’au XIXe siècle. Le château est modifié à la fin du XIIIe siècle. Sa superficie est augmentée, de même que ses défenses. De 1345 à 1380, les remparts et le château reçoivent de nouveaux chantiers défensifs pour les moderniser, durant la Guerre de Cent Ans.
Vers 1477, la ville édifie des boulevards d’artillerie pour protéger ses portes. Le premier ouvrage moderne est édifié en 1525, il s’agit du bastion Cardon, près de la porte du même nom. A partir de 1529, tout le flanc sud-ouest de l’enceinte est modernisé sous la direction de l’ingénieur de Charles Quint, D’Aerschot et ses collaborateurs. En 1540, Charles Quint ordonne une refonte générale des fortifications qui débute en 1542. Les premières défenses hydrauliques sont mises en place deux ans plus tard. Il s’agit, entre autres, des écluses de chasse de la Bretêche et des repentis. Leur mise en place vise également à régulariser le débit de la Rhônelle. A partir de 1546, ce sont les remparts de l’est qui sont reconstruits. L’ensemble de ces chantiers s’achève, semble-t-il, vers 1551. Des travaux d’urgence sont conduits en 1566-1567 durant les Guerres de Religion, mais les flancs sud-ouest et ouest ne sont pas encore modernisés à l’époque. La première citadelle est construite en 1570-1573 par le Duc d’Albe. Il s’agit alors d’une redoute qui disparait en 1577. De 1578 jusqu’au règne des Archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas espagnols, les dernières parties médiévales de remparts urbains sont remplacées par des remparts modernes. Il s’agit des parties nord, ouest et sud de l’enceinte. D’abord en terre palissadée, les escarpes des ouvrages sont progressivement maçonnées de 1600 à 1654 et certains fossés sont approfondis. De 1656 à 1677, six demi-lunes sont construites. Un ouvrage à corne est ajouté devant la porte de Cambrai et un ouvrage à couronne est édifié sur la colline d’Anzin. Les ouvrages hydrauliques sont également améliorés.
Prise par les Français en mars 1677, siège auquel participe Vauban, Valenciennes est intégrée dès l’année suivante dans la première ligne du Pré Carré. Dès 1677, Vauban y construit une citadelle qui subsiste deux siècles. Cette citadelle est de forme irrégulière. Un front à bastions de petites dimensions est tourné vers la ville. Deux autres fronts sont tournés vers la campagne et sont protégés par des inondations et un ouvrage à couronne doté de deux fronts. Les contrescarpes de l’enceinte sont revêtus et des bastions supplémentaires sont aménagés sur les fronts construits sous Charles Quint afin d’en améliorer le flanquement. Plusieurs fronts sont rectifiés et améliorés. Les fronts de Famars et de Mons sont refaits complètement. Les deux écluses de Charles Quint sont rénovées et d’autres, telles celles de Notre-Dame et des Repenties sont construites, de mêmes que des digues afin de créer des étangs défensifs plus importants. Les chemins couverts sont équipés de traverses à clameaux, si l’on en croit le plan relief de 1694. Des casernes sont également construites dans la ville et dans la citadelle.
Le début du XVIIIe siècle améliore encore les défenses de la place forte : plusieurs lunettes et ouvrages avancés sont construits pendant la Guerre de Succession d’Espagne afin de renforcer la protection du côté occidental des remparts de la ville et de la citadelle. Plusieurs chantiers de perfectionnement sont encore signalés pendant la Guerre de Succession d’Autriche. Quelques ouvrages avancés et une contre-garde sont édifiés à l’époque. La majorité des chantiers se limite à de simples finitions des ouvrages de Vauban. L’ingénieur Filley réalise ces modifications et améliore le flanquement des ouvrages. Il change leurs destinations pour certains d’entre eux. D’ouvrages de combat, certains deviennent simples dépôts. Pendant le siège autrichien de 1792, trois lunettes sont ajoutées. Les Autrichiens perfectionnent quelque peu ces défenses jusqu’en 1794. Délaissée jusqu’en 1815, Valenciennes reçoit de nouveaux chantiers sous la Restauration. Ceux-ci sont poursuivis par la Monarchie de Juillet. Il s’agit d’achever les modifications commencées par les Autrichiens et de réaliser les premiers forts détachés dignes de ce nom. La lunette Dampierre est inaugurée par la Seconde République en 1850, dans ce but. Le Second Empire poursuit les modifications en conservant Valenciennes et en la dotant de traverses-abris. Sous la Troisième république, un fort périphérique de type Séré de Rivières est construit en 1881 : le fort de Curgies. L’invention de la mélinite, un nouvel explosif beaucoup plus puissant que la poudre, devait entraîner le déclassement définitif de Valenciennes en 1889.

État actuel

La place forte de Valenciennes a été démantelée entre 1889 et 1893. Des boulevards et des quartiers bourgeois remplacent les remparts et la citadelle. Il ne subsiste qu’une tour médiévale, la tour de Dodenne et une écluse de chasse, le long du canal de l’Escaut.

Valenciennes

Valenciennes
50° 21' 11.803" N, 3° 29' 13.839" E

Type
citadelle, enceinte urbaine et défenses hydrauliques
Département
Nord
Région
Hauts-de-France
Bibliographie
  • BRAGARD (P.), CHEUVA (P.), COMBEAU (Y.), et al…, Etoiles de pierre. Voyage en Nord Pas-de-Calais, Villeneuve d’Ascq, 2003.
  • MARIAGE (E.), sous la dir. de, Les fortifications de Valenciennes, Valenciennes, 1895, éd. Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Valenciennes.
  • SALAMAGNE (A.), Les fortifications de Valenciennes du 12e au début du 16e siècle. Leur place dans l’architecture militaire, dans La Revue du Nord, t. LXVI, 1984.
  • SALAMAGNE (A.), A la découverte des anciennes fortifications de Valenciennes, Cambrai, 1999, éd. Nord Patrimoine.
  • SALAMAGNE (A.), Vauban en Flandre et Artois, les places de l’intérieur, Saint-Léger-Vauban, 1995, éd. Les Amis de la Maison Vauban.
Valenciennes, plan de 1709, Krigsarkivet, Stockholm.
Vue aérienne de Valenciennes, GoogleEarth, 17/09/2010.