Fort Barraux

Historique et description

Créée en 1597 par l’ingénieur italien Ercole Negro, le fort Barraux est construit sur ordre du Duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier, par pur esprit de provocation à l’encontre du roi de France Henri IV, et surtout du Connétable Lesdiguières, gouverneur protestant du Dauphiné. Le fort, quadrangulaire à six bastions à orillons et trois demi-lunes et places d’armes, est construit assez rapidement. Une partie des pierres provient vraisemblablement de deux fortifications plus anciennes, Bellecombe et La Buissière, abandonnés depuis vingt ans. Le 15 mars 1598, le chantier vient à peine de s’achever que Lesdiguières s’empare du fort, justifiant cette prise par le fait qu’il faut un fort pour défendre la route du Grésivaudan vers Grenoble, alors que les finances du royaume ne permettaient pas un tel aménagement. Sitôt pris, le fort Barraux est réaménagé par les ingénieurs d’Henri IV et de Lesdiguières. Le premier d’entre eux est Jean de Bien. Son apport a consisté à déplacer la porte principale du fort, placée originellement dans le front de Savoie, pour la réinstaller dans celui de Grenoble, oů l’orillon du bastion du Roi peut aisément la couvrir. Il construit également l’hôtel du Gouverneur et les bas forts, ces derniers constituent une fausse braie. L’ingénieur Camus renforce ensuite les défenses vers le nord, par l’agrandissement de la demi-lune de Savoie qu’il relie au fort par une caponnière à ciel ouvert. Camus transforme aussi les bas forts du sud en bastions pour en augmenter l’efficacité. Les bâtiments intérieurs sont alors dispersés sur la place, sans soucis d’aménagement. Une caserne, numérotée 28, est construite peu avant 1692 et est réaménagée plus tard. En 1689, l’ingénieur de Lagrune prépare un projet d’amélioration qui n’est pas réalisé mais dont Vauban reprend l’idée principale : déplacer l’entrée au front Barraux.
Vauban visite le fort Barraux en 1692, peu après l’incursion du Duc Victor-Amédée de Savoie en Isère. Il élabore alors un programme de chantier important qui modifie profondément le fort, tant dans ses ouvrages fortifiés que dans son aménagement intérieur. Les fossés sont recreusés d’une toise, les pointes des bastions sont rehaussées pour un meilleur défilement et leurs bastions sont équipés de casemates souterraines pour les tirs croisés. La porte est déplacée au front de Barraux et une demi-lune et une lunette détachée sont construites devant elle. Trois ponts-levis et un pont dormant doivent être franchis pour atteindre le porche qui est équipé de deux portes cloutées séparées par des orgues descendant de l’étage supérieur. Deux autres lunettes sont ajoutées pour couvrir les deux courtines du front de l’Isère et une tenaille renforce celle qui équipe les bastions de la Reine et de Lesdiguières. Les chemins couverts sont reconstruits et équipés de traverses avec chicanes et de places d’armes rentrantes ou sortantes. Des redoutes sont prévues sur les capitales des bastions, de même qu’un retranchement sur la rivière du Furet en contrebas du fort, un pont défendu par des redoutes sur l’Isère et des obstacles sur la Chartreuse. Mais ces derniers ouvrages n’ont pas été réalisés. A l’intérieur, la cour du fort est nivelée permettant un programme d’urbanisme ordonné. Une place d’armes centrale est aménagée et est bordée de bâtiments sur trois côtés. De nouvelles casernes à deux ou trois niveaux, un bâtiment des officiers, un arsenal à deux étages, une nouvelle chapelle, une nouvelle poudrière enterrée (la grande) et un puits voűté à l’épreuve sont prévus dans les projets de Vauban dès 1692, mais sont construits progressivement, au gré des moyens financiers. La petite poudrière, qui existait avant 1692, est redressée tant bien que mal. La porte est déplacée une nouvelle fois pour être installée dans le front ouest.
Au début du XIXe siècle, des modifications sont apportées au fort : d’abord par la construction d’un cavalier casematé d’artillerie sur le front de Grenoble, ensuite par l’ajout d’une contre-garde équipée de contre-mines sous le glacis du front de Savoie. Les lignes de ces chantiers avaient été envisagées dès 1791 par l’ingénieur Le Michaud d’Arçon.

État actuel

Le fort Barraux et l’ensemble de ses bâtiments militaires existent toujours. Ils se sont cependant fortement dégradés suite à l’abandon du site par l’armée en 1986, après avoir servi de dépôt de munitions et de prison. En 1993, un orillon s’est effondré et une courtine en 1995. Pour y remédier, d’importants chantiers de restauration sont en cours, réalisés par des bénévoles et de jeunes en voie de réinsertion socioprofessionnelle. Le fort se visite librement de mai à septembre, de manière guidée et/ou théâtrale toute l’année, sur réservation auprès de l’Association de sauvegarde et de valorisation du fort Barraux, qui y organise régulièrement des expositions et manifestations culturelles diverses. Le plan relief de 1674 au 1/600e, restauré en 1818 et 1920, est conservé au Musée des Plans reliefs à Paris.

Fort Barraux

Fort Barraux
45° 26' 7.6222" N, 5° 58' 59.1226" E

Type
fort
Département
Isère
Région
Auvergne-Rhône-Alpes
Bibliographie
  • ASSOCIATION DE SAUVEGARDE ET DE VALORISATION DU FORT BARRAUX, Fort Barraux depuis 1597, http://www.diffusart.fr/fort-barraux/pages/index.html, (consulté le 27/07/2010).
  • BARDE (Y.), Sentinelles des Alpes, citadelles et fortifications, Rennes, 2010, éd. Ouest-France.
  • BORNEQUE (R.) et FAUCHERRE (N.), La route des fortifications dans les Alpes, Paris, 2006, coll. Les étoiles de Vauban.
  • BORNEQUE (R.), Vauban et les Alpes, Saint-Léger-Vauban, 1995, éd. Association des Amis de la Maison Vauban.
  • Vauban et ses successeurs en Savoie et en Isère, Paris, 2001, éd. Association Vauban, (actes du colloque de 1998).
Vue aérienne du fort Barraux, GoogleEarth, 27/07/2010.